Histoire de cyclo

Les cyclistes sont philosophes !! ou d'une litote à l'autre Lors d'une émission radiophonique dominicale sur France Inter , un commentateur a avancé ce concept. Comme maître Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, serait-je devenu sur le tard philosophe (à l'insu de mon plein gré- dixit R. Virenque)? Surpris par cette affirmation j'ai tenté de comprendre le sens de sa pensée. Il faisait une digression à partir de la litote générique de son émission: "Les étoiles sont mortelles! Socrate est mortel ! donc Socrate est une étoile". Socrate était un philosophe qui consacrait l'essentiel de son temps à la méditation. Comme on médite beaucoup en pédalant, d'où : le titre ci-dessus... cqfd . De là à penser que Socrate aurait fait du vélo s'il avait existé de son temps, pourquoi pas ! C'est vrai que sur la selle, outre la circulation à surveiller, on réfléchit quand même un peu. Plus modestement, je me suis imposé ce challenge solitaire, qui n'a rien d'extraordinaire mais adapté à ma condition physique, en mémoire du donneur anonyme de son rein qui m'a permis 13 ans après de le réaliser . C'est aussi par gratitude pour les médecins qui m'aident à rester en forme. Une amicale pensée aux membres de l'ADOT65 qui se dévouent bénévolement pour défendre la cause du don d'organes. Une première mise en jambes en France avant, je l'espère, de futures virées plus Européennes

Départ Prévu le mercredi 4 juin. 823 km en 9 étapes plus un jour de repos.

• Etape 1: Bégole- Condom 104km
  
• Etape 2: Condom - Miramont de Guyenne 88 km
  
• Etape 3 : Miramont-Riberac 87 km
  
• Etape 4:Riberac-Chasseneuil sur Bonnieure 77 km
  
• Etape 5 Chasseneuil- Saint Benoit 97 km
  
  

Jour de repos à Saint-Benoit

• Etape 6 : Saint-Benoit-Chatillon sur Indre 96 km
  
• Etape 7 : Chatillon-Bracieux 79 km
  
• Etape 8: Bracieux-Pithiviers 106 km
  
• Etape 9 : Pithiviers-Maisons-Alfort 89 km
  
  

A la fin de chaque étape, j'essaierai de mettre un petit commentaire sur son déroulement.Je vous recommande de lire les pages qui vous donneront des explications sur le vélo à assistance électrique et les préparatifs du voyage.

Etape 1 : Bégole-Condom 4 juin

Distance parcourue : 103 km
Principales villes bastides traversées : Trie/Baïse, Mirande, Valence sur Baïse.
Les Pyrénées vues du village de bégole
Le départ a eu lieu à 8h30 comme prévu sous la pluie, d'où l'équipement adapté.
Le trajet ne m'était pas inconnu car je l'ai pratiqué en sens inverse la semaine dernière lors d'une excursion de 3 jours. Le parcours était une longue montée de 100 kms, sans difficultés essentielles. Autant dire qu'aujourd'hui , avec une descente continue, ce fût une gentille mise en jambes mais très humide. Une question d'habitude en ce triste printemps. Il emprunte la vallée de la Baïse pour l'essentiel de son parcours y compris demain. J'y reviendrai ( il y a 2 points sur le i pour ceux qui auraient pensé à autre chose).

La plupart des bourgs traversés sont des bastides des 13 et 14ème siècle, aux arcades typiques. Pour ceux qui en douteraient encore, le Gers c'est joli.
La semaine dernière à Trie sur Baïse je me suis vu refusé l'entrée du restaurant avec ma tenue de Martien toute mouillée.
Les paysages sont vallonnés tout au long de la route.

On rencontre de nombreux pigeonniers y compris en ville.

J'arrive à Condom en Armagnac ou sur Baïse. Ville étape sur le chemin de Compostelle, et très touristique, qui ne propose que deux hôtels très souvent complets à ses visiteurs. J'ai la chance de trouver une chambre d'hôtes dans une maison ancienne en centre ville, tenue par Hélène, une gentille "mamie". Parmi les 8 chambres disponibles, privilège d'être seul, la mienne est située en fond de jardin dans un ancien pigeonnier. Je vous rassure, avec tout le confort nécessaire. Je ne risque pas de déranger mes voisins, l'inverse non plus d'ailleurs.
Les autres convives de la pension sont des pélerines avec qui je vais partager le repas du soir. Petite promenade en ville, il commence à faire beau.

Condom- cathédrale St Pierre

La mise en pages du blog avec le smartphone n'est pas évidente, vous voudrez bien excuser les erreurs que je corrigerai ultérieurement. A demain

Etape 2 Condom-Miramont de Guyenne 5 juin

Distance parcourue : 100 km tout rond.

Le beau temps est enfin de la partie. Je vais en profiter pour faire un peu de tourisme, et modifier un peu le parcours initial.
Principales villes traversées : Nérac-Lavardac-Buzet sur Baïse- Aiguillon-Tonneins-Miramont de Guyenne.

Je quitte Condom vers les 9 heures du matin. Condom est à la limite Nord du Gers, en quelques coups de pédales, je quitte la région Midi-Pyrénées pour l'Aquitaine pour traverser presque entièrement le Lot et Garonne.
Non loin de là, le village de Montcrabeau. Tout un programme.

Nérac:
Fief de la famille d'Albret, dont l'un des membres les plus célèbres fût Jeanne, qui épousa le roi de Navarre et mère du futur Henri IV. Ce dernier vécut une grande partie de son enfance entre Pau et Nérac. On connait l'histoire de sa première épouse, Marguerite de Valois, la reine Margot, interprétée par Isabelle Adjani au cinéma. Après sa répudiation, elle fut reléguée à Nérac, où elle pût se consacrer à ses deux passions : les hommes et la gourmandise. De telle sorte qu'à la fin de sa vie, avec ses dents cariées et ses formes généreuses elle n'aurait pas répondu de loin aux critères de recrutement d'un mannequin de haute couture.

Je fais un petit détour en centre ville pour apercevoir le château de style renaissance.

Un peu avant Buzet,Vianne, une bastide fortifiée intacte.

Buzet sur Baïse
Le panneau qui m'accueille est très explicite sur l'activité de ce bourg

La Baïse qui prend sa source dans les Pyrénées, et passe à Bégole, termine son parcours ici en affluent de la Garonne. Buzet est bien connu pour ses vignobles. Avec son petit port fluvial, c'est également un petit pèlerinage de plus de 20 ans en arrière, où nous avions fait une croisière familiale en bateau sur le canal latéral à la Garonne, qui passe à proximité de Marmande. Rien ne semble avoir changé.

Tonneins Je traverse rapidement Jolie vue de la ville prise sur le pont de la Garonne.

De longues routes assez plates, au passage une magnifique halle XIIè à Gontaud de Nogaret. Un peu partout des granges à tabac, sur des dizaines de km, mais plus de plantation de tabac.

Miramont de Guyenne

Un petit bourg bien propret, c'est le pays de Lauzun. Pas de cachet particulier. Le petit square devant l'église porte le nom de Ch. de Gaulle. Je ne peux m'empêcher de le paraphraser : "Miramont, gentil bourg de province et qui entend le rester!"
Ici encore l'offre hôtelière est minimale. Pour tout dire, je me sens la force d'aller un peu plus loin et à quelques km au delà, je termine mon étape à Eymet, joli nom " à en perdre la raison", où je dégote une charmante chambre d'hôtes au nom évocateur : La maison d'Amos (un des douze "petits" prophètes de la Bible). Eymet est le premier bourg de la Dordogne qui me souhaite la bienvenue.
A demain pour la visite de la bastide d'Eymet.

Etape 2 : Miramont de Guyenne-Riberac 6 juin

Distance parcourue : 89 km

Principales villes traversées (initialement prévues) : Ste Foy la Grande-Montpon-Ménestrol-Echourgnac-Ribérac

La veille au soir, je me rends au centre de la bastide, pour me restaurer. C'est une construction classique, carrée, portes fortifiées, place en arcades, maisons à colombages mais avec un cachet Périgourdain. On en fait le tour rapidement. Sur la place beaucoup de voitures et de touristes. Je m'installe sur une table d'un des nombreux restaurants déjà bien occupés à 19 h. Avec les serveurs, je dois être le seul à parler français. Alors que beaucoup de clients attendent, je suis servi avec dextérité. Ce n'est pas mon physique de jeune premier qui en est la raison, mais le fait que j'occupe seul une table de 4.

Le lendemain, dès potron-minet, je quitte la maison d'Amos pour une journée que l'on annonce chaude. Le petit déjeuner est servi tôt par le patron. Un hôte très affable, je lui demande les raisons du choix Amos : ceux sont tout simplement les initiales de leurs noms et prénoms : Alain Marie-Odile Schott. On parle quand même de la bible, et j'apprends qu'il est diacre. Une belle rencontre, de plus la maison n'a rien à envier à un bon hôtel.
Suivant les conseils avisés de mon hôte, il me suggère une route différente de mon itinéraire initial. J'évite la traversée de Sainte Foy la Grande et de Montpon-Ménestrol. J'abouti à Mussidan et reprend l'itinéraire initial. C'est vrai que la route est tranquille, mais que de côtes à monter. Il me revient, un peu tard des raisons de mon tracé initial.
Les paysages vallonnés, avec leurs vignes ont des airs de famille avec le Gers. A part les hangars à tabac, rien qui ne justifie une photo. ( on m'a repris, on dit hangar et non pas grange à tabac).

Mon détour m'emmène vers Fleix où je franchis la Dordogne.

Ribérac

Que dire de cette bourgade du nord-ouest de la Dordogne, lorsque l'on arrive en fin de journée avec la pensée d'aller se reposer. Selon les prospectus du syndicat d'initiative, la collégiale Saint Pierre, siège du conservatoire de musique, reste le témoin des grandes heures de l’Histoire de la Ville. Parmi les célébrités mondialement connues, on citera le troubadour Arnaut Daniel qui naquit au château de Ribérac au milieu du XIIe siècle !!
Je passe à proximité de Notre-Dame de la paix, d'un style pseudo-roman et son campanile en béton. Goût douteux !

Vous excuserez mon ironie, je l'espère. Hasta luego!

Etape 4 Ribérac-Chasseneuil sur Bonnieure 7 juin

Distance parcourue : 83 km

Principales villes traversées : La Rochefoucauld-Chazelles-Chasseneuil-sur Bonnieure
J'avais prévu une étape courte, et je crois que j'ai eu raison. Le départ est différé en attendant la fin d'une grosse averse. Le reste de journée fut très chaud.
Je sors de Ribérac et prend la D12. C'est une succession de longues côtes et quelques descentes sur une route linéaire pendant plus de 30 km. C'est éprouvant pour les jambes et la batterie.

J'ai traversé beaucoup de villages dont la route était contournée, de ce fait des monuments intéressants m'ont échappés. Les bornes départementales ont tendance à disparaitre. Dans ce que pense encore être la Dordogne, je croise des petits châteaux comme celui de la Vasaltide. Un chien à l'accueil se fait menaçant, je n'entame pas la conversation.

Je remarque beaucoup d'affiches en occitan. Un peu plus loin je traverse Verteillac, dont la place du marché est très fleurie. Ils fêtent la Félibrée qui, je pense, est la croix occitane.

Le style des maisons change, et la prolifération des plaques minéralogiques 16 me font penser que je suis en Charente. Arrivé à La Rochebeaucourt, le GPS me propose de le contourner, je décide de passer outre. Le bruit de mon vélo, a 11 heures, n'a pas réveillé les habitants de ce village endormi à l'image des nombreuses vitrines fermées de la rue principale.

En sortie de village, un panneau m'indique "Bienvenue en Dordogne". Il n 'y a pas de panneau "Au Revoir". Je bifurque à gauche et reste en Charente. Je m'engage alors dans une forêt à l'ombre bienvenue, mais avec des côtes, ouille!!
Au sortir de cette forêt, j'arrive dans un village au nom bien charentais "Rougnac". Une volée de cloches salue mon arrivée. A ma montre il est midi. Dommage, on peut toujours y croire ! Je m'approvisionne en boisson fraiche dans l'épicerie-tabac-café-restaurant-essence du centre. Un gamin de 10 ans à peine, en tenue de cuisinier, intrigué par ma machine s'approche. On discute un peu, il aide son père à la cuisine.

La suite, de jolis paysages vallonnés, des villages avec des églises de style roman et clocher carré.

La Rochefoucauld

Je suis chez les Rupificaldiens. Non ce n'est pas une tribu Gauloise, mais le fief d'un ancien grand -duché de la famille "La Rochefoucauld" comme par hasard ! Je franchis le pont de la Tardoire et le château familial apparait magnifique .

Encore 10 km et j'arrive à Chasseneuil sur Bonnieure. A demain soir pour la suite.

Etape 5 : Chasseneuil sur Bonnieure 8 juin

Distance parcourue : 103 km

Principales villes traversées : Civray-Gençay-Saint Benoit.

Dernière étape avant un repos de 24 heures chez des amis, près de Poitiers.

J'ai volontairement évité la route la plus directe qui m'aurait fait passer par Angoulême, car trop fréquentée. Le trajet s'en trouve rallongé d'une dizaine de kilomètres. Un orage juste avant de partir, comme hier, a bien rafraîchi l'atmosphère, mais un temps superbe tout au long du trajet , même lourd à l'arrivée.

En ce dimanche de Pentecôte, il y a beaucoup d'animation dans les villages traversés : messe dominicale, mais aussi pas mal de brocantes, et fêtes locales. Comme hier le trajet est une succession de longues lignes droites en pente qui semble infinie. La plupart des curiosités touristiques sont indiquées par des panneaux à l'écart de mon parcours, donc peu de photos significatives. A mi-parcours entre Civray et Gençay, je quitte la Charente pour la Vienne sans que le style des maisons change significativement.
Le clocher en tour carrée des églises me semble plus massif, et les portails romans plus travaillés.
Le dernier tiers du parcours est une longue traversée de campagne verdoyante, comme un peu partout en France en ce moment. Je rencontre beaucoup d'animaux sauvages de toute taille, dont toute une famille de " 8 petites choses " que je n'ai pu identifier, et qui, affolés à mon approche traversent un à un la route, j'ai attendu que tout le monde soit passé de l'autre côté pour continuer.

J'ai bien sûr été dépassé par bon nombre de véhicules qui, pour la plupart s'écartent où ralentissent, mais en ce dimanche il y en avait qui se croyant au circuit de Nogaro, sur les lignes droites avaient le besoin de libérer l'énergie de leur moteur et avec un klaxon agressif semblaient me reprocher d'utiliser leur bitume. Heureusement que mon accoutrement est visible de loin.

Quelques kilomètres avant l'arrivée, situé dans un vallon boisé, Nouaillé Maupertuis présente un intérêt exceptionnel par son abbaye fortifiée, fondée au VIIème siècle, et ses vestiges médiévaux. La défaite du roi de France Jean Le Bon en 1356, en fait un haut lieu de la Guerre de Cent Ans.

Saint-Benoit, est une petite ville qui jouxte Poitiers. J'y arrive à 17 heures, un comité d’accueil m'attend. Josette qui est partie ce matin de Bégole, est arrivée une demi-heure avant moi chez nos amis Dupuy, dont la mère est native de Bégole. Une amitié qui traverse les générations. Une bière fraîche m'attend.
Je prends connaissance de vos commentaires avec plaisir, mais le blog ne me permet pas d'y répondre.
Demain repos, donc à mardi soir pour la suite du récit.

Etape 6 : St Benoit-Chatillon sur Indre 10 juin

Distance parcourue :104 km

Principales villes traversées : Bonnes-La Puye-St Pierre du Maillé-Angle sur Anglin-Martizay-Azay le Ferron-Châtillon sur Indre.
Après une journée de repos bienfaitrice. Je pars sous un ciel orageux. Par chance, j'éviterai les gouttes la journée. Ma copine Alba me fait ses adieux.

Cette étape est encore longue, mais s'avère beaucoup moins difficile que la précédente.
Je continue mon périple à travers la Vienne et passe pas mal de villages souvent traversés par de nombreux cours d'eau. A St Pierre du Maillé, la Gartempe offre un joli point de vue.

Un peu plus loin, Angles sur Anglin, très encaissée, exhibe en promontoire un impressionnant château féodal, dont je suis surpris d'apprendre qu'il s'agit seulement d'un château baronal.
A peine à la sortie de ce bourg commence, le parc régional de la Brenne dans le département de l'Indre. Ce parc est une étendue naturelle, assez plate, de terrains semi-marécageux. On la dénomme également, la zone aux 3000 étangs du Berry. J'ai pu constater bon nombre de panneaux indiquant des noms de sociétés de pèche.
J'ai parcouru plus de 30 km dans cette zone relativement plate.

A 20 km de l'arrivée se termine le parc naturel et j'arrive à Azay le Ferron, des panneaux vantent la beauté du château XIV-XVIIIè. Je fais un détour au centre ville pour le voir. Malheureusement, il faut entrer dans le parc pour photographier la façade moyennant finances. Je me contente de photographier l'affiche.

J'arrive enfin à Châtillon sur Indre, où les restes d'un donjon et des remparts circulaires bien conservés, dominent sur une butte en centre ville mais cernés par des maisons anciennes qui obstruent la vue.
Je dois encore prolonger de 4 km, pour rejoindre mon gîte de cette nuit. Une charmante petite bâtisse en pleine campagne, au doux nom de " la porcherie", probablement sa fonction antérieure mais très bien agencée intérieurement. Je ne risque pas d'entendre les bruits de voiture.
A demain


Etape 7: Chatillon sur Indre - Bracieux 11 juin

Distance parcourue : 92 km

Principales villes traversées : Lucay-le mâle-Villentrois-Selles sur Cher-Soing en Sologne-Bracieux

Hier soir, je me suis offert une côte assez sévère, pour rejoindre mon gîte situé à 4 km de Châtillon. Aussi, c'est avec un certain plaisir que je l'ai descendue ce matin pour reprendre le trajet initial. Sauf que, arrivé en bas, je me suis aperçu que j'avais oublié quelque chose dans le gîte. Vous devinez la suite...
Aujourd'hui c'est la St Barnabé. C'est l'occasion ou jamais de vérifier si selon le dicton, il avait bien coupé les pieds à St Médard. J'y suis donc passé et vous constaterez qu'il n'y avait goutte. Donc à vos jardins, et pensez à arroser.

Je continue mon chemin en remontant l'Indre vers le Nord. J'arrive à Lucay-le mâle qui se revendique d'être du pays de "Boischaut-Berry-Touraine", il faudrait choisir car la nouvelle carte des régions sera difficile à élaborer. Dans la même ville, un panneau invite à visiter Valençay en Touraine à quelques km d'ici.
Un étang aménagé en base nautique, est le lieu idéal pour un pique-nique avec l'unique touriste que je suis

Le style des maisons change franchement. On utilise abondamment la pierre de tuffaut : belle, mais tendre et friable.

A Villentrois, un château féodal bien conservé en tuffaut.

A 50 km depuis le départ, je franchis le cher à Selles sur cher : porte du Loir et cher et de la Sologne. De son château, je n'ai pu voir qu'une aile avec une belle tour restaurée. J'entre en Sologne par le sud. Cette région que nous connaissons pour y avoir séjourné l'automne dernier avec les petits-enfants. Ce pays est constitué d'une immense lande sablonneuse avec une culture maraîchère riche et variée. J'ai pu observer des champs de céréales multiples, d'asperges, de fraises en plein champ, pommes de terre, etc...En automne, nous avions vu la récolte intensive du poireau.
Un peu avant Bracieux, l'église de Fontaines en Sologne avec son clocher carré intégré à la nef ; une construction assez classique de la région

Parti à 8 h 30, j'arrive à Bracieux à 16 h, soit une heure plus tôt que d'ordinaire : le relief a été gentil avec moi aujourd'hui. La vieille halle centrale remaniée est le principal monument de ce bourg. Bracieux est à portée de plusieurs châteaux prestigieux : Cheverny, Blois, Chambord. L'un d'eux sera le thème du départ demain matin.

Etape 8: Bracieux-Pithiviers 12 juin

Distance parcourue :114 km

Principales villes traversées : Chambord/Cléry/Orléans

Avant dernière étape de mon périple, du val de Loire au Gâtinais, j'y ai rencontré de vieilles connaissances. Je n'ai pas pris le trajet le plus direct, mais il y a des sites qu'il aurait été dommage d'éviter. Malgré un terrain relativement plat, un vent de face de 40 km heure a rendu ce trajet difficile. En contrepartie il a fortement atténué l'effet de la chaleur.
A la sortie Bracieux, une statue moderne de Athos, baron de Bracieux, trône devant la chocolaterie Max Vautier. C'est l'un des 7 chocolatiers-torréfacteur de France. Les autres chocolatiers façonnent leur confiserie à partir de galettes conditionnées en vrac. J'ai déjà eu l'occasion de visiter ses ateliers.

A une lieue de là, j'entre dans un immense domaine arborisé par la porte de Bracieux qui mène au château de Chambord trônant en majesté. Ce n’est pas celui que je préfère, mais sa masse en impose quand même. J'ai la chance de le contempler bien avant l'arrivée des touristes.
La façade sud (photographiée ) est symétrique de la façade Nord. La rivière Cosson a été déviée pour agrémenter le château.

Ciao François 1er, de tes 1.98 m tu avais du panache, on se souvient de Marignan, mais aussi que de batailles perdues ! Charles Quint (roi espagnol, mais aussi empereur germanique) et Henri VIII (toujours les Anglais) étaient plus futés. Qui oserait affirmer que l'histoire ne se répète pas ?

Nous aussi nous avons 2 François contemporains régnants. Le premier du nom, tout en blanc, un argentin qui habite à Rome. Il est bien sympathique et n'a pas le souci de sa réélection. Quant au deuxième du nom dans sa fonction, en costume sombre, risque d'en avoir des soucis. Cela me fait penser à une de tes répliques à propos des femmes : "Souvent politiciens varient, bien fol qui s'y fie". Vous remarquerez le pluriel pour n'oublier personne.

Mon quart-d'heure de vacheries terminé, je continue par l'allée François 1er, de loin on peut observer les cheminées de l'usine nucléaire de St Laurent des eaux. En suivant la route de Blois en direction d'Orléans, je suis intrigué par un forage aux abords d'un grand champ de blé. Un liquide blanc (probablement du calcaire) se déverse dans le champ. En aval, le fossé étant bouché, le liquide blanc et la mousse a complétement inondé le champ de maïs.

Je ne m'attarde pas car un vieux copain m'attend non loin de là à Cléry- saint André : Louis XI .

J'ai fait sa connaissance en 1977 grâce à la biographie complète de Paul-Murray Kendall (Ed. Fayard), que j'ai eu l'occasion de relire au moins tous les 10 ans. "L'universale Aragne" est l'un des dirigeants de la France que je préfère le plus. Simple, rusé, secret, profondément superstitieux, et méfiant, Louis XI entretient une réelle proximité avec le peuple et n’hésite jamais, à se dresser contre les grands féodaux. Par des alliances matrimoniales, des rachats de fiefs plus ou moins forcés, il tisse patiemment sa toile et étend considérablement le domaine royal, en agrégeant la Bourgogne au royaume de France. A sa mort, le pouvoir central s'est affirmé par une forte dévalorisation du système féodal. On considère la période qui suit son règne comme la fin du haut-moyen âge.
Il a vécu une grande partie de son règne dans cette région, principalement au Château de Loches. Il meurt à Plessis-les-Tours, mais ne voulut pas se faire inhumer à St Denis, car en se mélangeant aux rois précédents, il craignait que l'on oublie de prier pour lui. Il choisit donc la basilique de Cléry saint André, érigée par la famille des Dunois comme nécropole familiale.

Son tombeau actuel en marbre magnifique a été entièrement reconstruit peu après la dernière guerre mondiale. C'est plutôt un mausolée, car de son corps, il ne subsiste qu'un morceau de crâne. Je dois lui dire au revoir, mais je sais qu'il ne s'ennuie pas car les visites, ici sont nombreuses. Une plaque d'aluminium au sol donne accès à la crypte sous le tombeau

Au sol, entre les chaises, je découvre sur le pavement, une dalle aux armoiries de Henri VIII, fils de Louis XI mort à Amboise et, selon moi, inhumé à St Denis. Je pense que cela pourrait être son cœur. Au détour, sur un pilier une inscription confirme mon intuition.

Sur la route qui me conduit à Orléans, de part et d'autre de la route, des champs immenses de cerisiers, avec des vendeurs en bord de route. Je m'arrête pour une vidange naturelle, en profite pour goûter quelques bigarreaux.
Je reprend la route de la Loire, sur les pas de Jeanne d'Arc j'arrive sans difficultés à Orléans. Je franchis la Loire avec la cathédrale en fond. J'ai bien croisé quelques Anglais, mais ce ne sont que des touristes. La rue principale "Jeannne d'arc" me mène au parvis bien dégagé. La façade est magnifique

Je reprends vite la route car je ne suis pas en avance. Je longe un chemin de halage pendant un long moment. Un. canal latéral à la Loire semble destiné à créer une voie navigable, mais il n'est plus entretenu et est envahi d'ambroisie. Plus loin je longe le canal d'Orléans, avec des eaux saumâtres. Le canal n'est plus entretenu.
Je traverse une vaste zone boisée, puis abouti sur le plateau du Gâtinais. Une vaste plaine de champs immenses, de céréales : champs de blé et d'orge.
En arrivant à Pithiviers, une série de silos dégagent une odeur acre. Ceux sont des malteries.
J'arrive enfin après une course de 9 heures. Fatigué, ce n'était pas du gâteau, alors je me suis offert un Pithiviers original. Contemplez ! moi je déguste. A demain pour la dernière étape.


Etape 9: Pithiviers -Maisons Alfort 13 juin

Distance parcourue : 93 km

Au départ de Pithiviers, je prends une route très fréquentée en forte montée qui m'amène sur le plateau du Gâtinais. La vue est très dégagée et la même sur une trentaine de kilomètres, c'est à dire une immensité de champs de blé, de betteraves, et d'éoliennes. Compte-tenu du vent fort qui m'a poursuivi, je comprend mieux la présence des champs d'éoliennes que l'on aperçoit en prenant l'autoroute. Je ne suis pas spécialiste, mais j'ai pu dénombrer au moins trois sortes de blé à des stades de maturité différents, l'un encore très vert et un autre presque mûr.

J'arrive enfin dans la vallée de l'Essonne, plus calme et au paysage très verdoyant avec la traversée de villages agréables et encore très tranquilles avant la fournaise. La plupart des villages traversés sont pourvus de pistes cyclables bienvenues avec l'étroitesse des rues. Par la suite de grandes portions de route en possèdent également. C'est rassurant d'autant que le comportement des conducteurs m’apparaît plus nerveux. J'arrive enfin à Evry, préfecture de l'Essonne et fief électoral de notre premier ministre . C'est une des 7 villes nouvelles entièrement créées dans les années 70 qui ont très mal vieilli, mais assez bien remaniée, où les rues s’enchevêtrent à des hauteurs différentes (pont ou sous-sol). De quoi faire perdre la tête au meilleur des GPS, dont le mien qui s'affole. Heureusement que je connais bien ce coin pour l’arrêter jusqu'à mon arrivée. Je repasse devant l'université où j'ai enseigné et juste à côté la cathédrale toute moderne que j'ai eu l'occasion de voir construire en 1993. Je constate que les arbres qui couvrent sa toiture ont bien profité .
Pour échapper encore un moment à la circulation dense, je remonte vers les quais de la Seine, et une dernière photo de ce qui est encore la civilisation à Ablon sur Seine. Le passage du pont de Villeneuve Saint Georges et la traversée de la ville sont un calvaire dont seul un cycliste Parisien peut survivre. A la sortie de cette ville, une piste cyclable m'amène sur plus de 10 km à mon domicile, que j'atteins peu après 16 heures, où je suis accueilli avec plaisir par un comité d'accueil d'amis et Josette bien sur, soulagée de me revoir intact et en forme.

J'ai droit à la remise du bouquet du vainqueur et du maillot jaune, car sans me vanter, je suis arrivé le premier. J'attends encore le reste du peloton.

Epilogue

C'est un défi que je me suis lancé pour les raisons expliquées tout au début. Je n'en ai ressenti aucune douleur, ni besoin de me faire masser les jambes, bref aucun problème de santé. Un bon matériel avec juste un resserrage de selle vers la fin, pas de crevaison et deux cuissards de qualité m'ont évité les fessiers douloureux.
883 km au compteur totalisateur pour 813 calculés : détours touristiques, modification partielle du parcours initial, oublis à l'hôtel,... expliquent cette différence. Merci à mon fidèle smartphone, qui m'a permis tant bien que mal de mettre à jour le blog, de me guider efficacement, de me géolocaliser et de garder le contact avec les autres.

Merci à vous tous pour vos commentaires et courriels d'encouragements que j'ai bien appréciés.

Et la suite

Il y en a une bien sûr, dans ma tête. Pour l'instant je vais me calmer et reprendre des virées en couple avec Josette. J'ai deux projets en tête de 1500 km environ:

• Descendre de Paris vers les Pyrénées en longeant le littoral Ouest : Un demi tour de France en quelque sorte.
  
• Le second projet : photographier mon vélo sur la place Saint-Marc à Venise en partant de Bégole. C'est ce dernier que j'envisage pour avril prochain. Il me reste à vérifier la faisabilité de traverser la Ligurie au départ de Ventimiglia vers l'Emilie-Romagne que je connais déjà. Cet été nous irons repérer les routes de la vallée du Pô à celles qui mènent à Venise.
  

Je n'attendrai pas d'être trop âgé pour entreprendre !

A bientôt. Gilles