3 juin :Sceaux-Ymonville 89 km
Chateau de SceauxAprès nous être rassurés sur notre santé respective, Josette m'a déposé au château de Sceaux. Malgré des prévisions météorologiques optimistes, c'est sous une fine bruine et une température fraîche que le départ a eu lieu à 10h30, en traversant les immenses allées du jardin du château. Je prends immédiatement une piste cyclable : "la coulée verte" qui passe derrière le château. Il s'agit d'un circuit qui part de la porte de Vanves et conduit jusqu'à la vallée de Chevreuse. Pour l'avoir empruntée cet hiver, j'ai préféré partir un peu plus loin de Paris, car les abords proches de la capitale ne respectent pas souvent le caractère cyclable de ce circuit (stationnement sauvage, travaux innombrables). Toujours est-il que c'est un moyen commode de sortir rapidement de la proche banlieue .
Jardins chateau de Sceaux Après une trentaine de kilomètres de circulation chargée, je commence à trouver un peu de campagne. La traversée de l'Essonne est très vallonnée. C'est une succession de petits villages, de maisons de pierre avec pour certaines localités, un cachet ancien bien conservé, notamment pour les toits de tuiles plates anciennes. Malheureusement, dans beaucoup de villages, les tuiles mécaniques de toutes sortes dénaturent ces sites.
Les clochers des églises sont la plupart du temps à base carrée, dont le campanile se détache, soit totalement, soit partiellement du corps de l'église. Cette structure, peu répandue en France, est plus fréquemment visible en Italie.
Eglise à camapnile Circuit du bléAprès Dourdan, je bifurque vers le Sud pour passer au Sud de Chartres, j'aborde le plateau du haut Gâtinais, et au sortir de l'Essonne, c'est le commencement de la Beauce. Dans le Gâtinais, la culture est variée, avec une prédominance de la betterave sucrière. L'approche de la Beauce est une très longue côte avant d'arriver sur un immense plateau venteux. Comme l'indique une des nombreuses pancartes, la route du blé porte bien son nom. D'immenses champs de blé s'étendent à perte de vue. Le soleil fait son apparition et malgré cela le coupe-vent est indispensable. Une seconde monoculture prend également place : celle des éoliennes. Si j'étais Marseillais je dirais qu'il il y a autant de graines d'éoliennes que de grains de blé. En tout cas la récolte sera bonne. Pour m'être arrêté au pied de l'une d'elles, on se sent tout petit, et je dois admettre que le bruit des pales est imperceptible. Je vous fait grâce de photos d'éoliennes, et vous en montre une d'une époque plus ancienne, celle d'un moulin à blé sur pivot à embase de pierres. J'en ai rencontré 3 similaires sur ma route. La plaque d'information indique qu'il est toujours en fonctionnement. Je débarque à Ymonville, un tout petit bourg en pleine Beauce à 28 km au sud de Chartres. Jadis traversé par une route nationale, une déviation a fort opportunément rendu silencieux l'hôtel où je vais résider cette nuit.
Moulin Ymonville Au programme de demain, selon toute vraisemblance, la traversée du val de Loir avec Chateaudun et Vendôme.
4 juin: Ymonville Vendôme : 94 km
Une belle journée annoncée, ce fût la cas.
Parti à la fraîche, pour éviter les grosses chaleurs, je poursuis ma route du blé. Châteaudun, se trouve à mi chemin de mon parcours d'aujourd'hui. Progressivement, les petits pois et pommes de terre remplacent le blé. Point commun à toutes ces cultures, un arrosage abondant que d'immenses dispositifs projettent à grande distance une gerbe de gouttes sans oublier les cyclistes de passage.
Le terrain est peu accidenté, et le vent absent, j’atteins Châteaudun assez tôt. J'y suis déjà venu par deux fois au siècle dernier, à l'usine Hutchinson, pour raisons professionnelles, sans avoir eu le temps de visiter. Une autre fois, mais à une période moins chaude puisqu'il s'agissait du nouvel an 2001(les personnes concernées se reconnaitront). Malheureusement la place centrale, avec sa jolie fontaine n'est pas photographiable car aujourd'hui c'est jour de marché. J'en ai profité pour acheter de quoi pique-niquer.
Un petit circuit dans le centre historique, nous mène facilement au château comtal, composé de trois corps de bâtiments accolés les uns aux autres; une tour fortifiée du XIIème siècle, couverte d'un toit d'ardoises anachronique, une chapelle du XV ème coincée entre la tour et le palais proprement dit de style pure Renaissance. L'ensemble avec une vue sur la plaine Dunoise que je ne vais pas tarder à traverser, et que l'on peut également admirer non loin de là sur une petite esplanade ombragée qui offre un joli point de vue.
Chateaudun
La N10 conduit directement à Vendôme. Pour éviter cette route meurtrière, j'avais pris soin de tracer mon parcours par les toutes petites départementales. Un vrai régal de tranquillité et de fraîcheur avec de nombreux bois.
La Chapelle du noyer est un tout petit village perdu dans la plaine. Une grande allée de platanes et au bout un château qui semble habité.
Chapelle du noyer Cloyes sur Loir est un joli bourg à la limite de l'Eure-et-Loir et du Loir-et-Cher. Puis c'est une très longue descente à travers bois qui me conduit sans encombres jusqu'à Vendôme.
Coyes sur Loir
Mon hôtel se situe à 4 km avant Vendôme. La chaleur étant, je décide de visiter cette ville demain matin.Sommes toutes, une journée tranquille, mais des paysages dont je ne me lasse pas. Demain, ce sera le val de Loire, j'emprunterai en partie la route des châteaux.
vendredi 5 juin: Vendôme - Bréhémont:110 km
Vendôme
Je ne l'ai pas visitée hier soir pour cause de chaleur. Ce matin, vide de monde, j'ai pu apprécier cette jolie bourgade. J'arrive directement sur un pont de pierres sur le Loir qui ouvre la principale rue commerçante en zone piétons. Trois bras du Loir traversent cette rue. Au milieu de la rue, un magnifique portail de la chapelle Saint Jacques, encastrée dans des immeubles.
Vendôme rue commerciale
Au bout, la place St Martin. C'est encore jour de marché. De l'église St Martin, il ne subsiste que le clocher en bon état. Non loin de là, la cathédrale de style gothique flamboyant. Les arcs boutant aussi finement ciselés que les motifs de la rosace, mais que le contre-jour ne met pas beaucoup en valeur.
Cathédrale et clochers
En sortant par la route vers Montoire, une belle porte Renaissance massive. Sur la route le château de Vendôme qui a besoin d'une sérieuse restauration tout comme son cousin proche de Montoire, tous deux sur un rocher en promontoire.
Chateaux Vendôme et Montoire
Montoire
Un petit bourg bien sympathique, qui ne présente pas un grand intérêt touristique, malgré une certaine animation sur la place Clémenceau. Centre principal d'animation de ce patelin, qui souffre encore de la réputation des rencontres de Laval, puis de Pétain avec Hitler en octobre 1940.
Paille Un dispositif original de rangement d'outils agricoles ! Chaleur aidante, mais aussi vent de face rafraîchissant, dans un relief très vallonné, je rejoins Tours. De cette agglomération très chargée en circulation, mais bien agencée de pistes cyclables, je n'ai pas vu grand chose si ce n'est le boulevard principal qui part de l'hôtel de ville avec sa grande façade. Il fait très chaud, les gens se rafraîchissent sous le jet d'eau des fontaines. La tenue d'été est de rigueur, les rues sont pleines de badauds.
Hotel de ville de Tours
Je traverse le dernier bras de la Loire et prend une piste cyclable superbement aménagée de Macadam, qui longe la Loire jusque Nantes. ( circuit Eurovélo 6): que des vélos, un régal ! Le long du parcours, des jeunes se baignent dans le fleuve, des gabarres à rénover, et je me dirige pour visiter le château de Villandry qui a un jardin à la française et un potager mondialement réputé.
La météo avait prévu des orages en fin de soirée, et bien la prévision s'est avérée juste. Déjà le ciel s'assombrit, des bruits de tonnerre se font entendre. Premières petites gouttes, puis de plus en plus grosses, l'orage approche. Il me reste 17 km à faire. Je fonce sur cette piste cyclable. Villandry ne sera vu que de loin. J'arrive, un peu trempé, juste avant l'orage.
Vilandry et gabarres
Bréhémont est un petit village qui fait face à Langeais, de l'autre côté de la rive. L'hotel-restaurant-bar-tabac-PMU-relais de poste est l'unique commerce du village, simple mais l'accueil est sympathique.Le soleil fait sa réapparition, le repas a lieu sur le quai face à la Loire. La vue est belle des gabarres rénovées attendent des clients pour un tour sur le fleuve.
Bréhémont hotel restaurant
Quizz
Au menu : brochet péché du jour et magret de canard. Devinez mon choix avec un vin local d'Azay-le-rideau en accompagnement.
Demain encore un long trajet jusqu'à Parthenay, avec Azay-le-rideau, Chinon, Loudun....
Samedi 6 juin: Bréhémont-Parthenay: 116 km
Toujours par souci d'éviter la N10, mon trajet s'est sensiblement accru, d'autant que j'ai effectué un crochet pour voir le château d'Azay-le-rideau; une petite déception et une belle surprise. Côté déception, le château dAzay est partiellement fermé pour cause de rénovation des façades et des jardins. J'ai dû me contenter d'une photo de la façade bâchée depuis la porte principale et du panneau représentant le projet de rénovation.
Azay le Rideau
Côté surprise, à 3 km de là, je découvre un site qui m'était inconnu: le château de l'Islette, qui a un air de famille très proche de son illustre voisin. Le panneau d'entrée stipule que cette demeure a abrité les amours du sculpteur Rodin et de Camille Claudel ; la traduction anglaise simplifie en " The château of Love". ( il y en a beaucoup dans la région).
Chateau de l'Islette
En route pour Chinon
De la forteresse royale, il ne reste que quelques ruines. La pièce où a eu lieu la fameuse rencontre entre le "petit roi de Bourges, dauphin et futur Charles VII, et Jeanne d'Arc, il ne reste plus que les ornements de la cheminée scellés sur le mur au premier étage d'une pièce détruite.
Forteresse de Chinon
Direction Loudun
La tour carrée, donjon fortifié du XI eme siècle qui domine la ville est visible de loin, comme un gratte-ciel. Théophraste Renaudot natif de cette ville, inventeur du journal la "gazette" mais pas de la presse comme l'indique la plaque sur sa maison natale. En fait, il agissait sur les directives de Richelieu qui adressait la façon de "bien penser " aux contemporains qui savaient lire. Cette "gazette du Roy" évoluera en gazette tout court, puis deviendra "le Moniteur" et enfin le journal officiel de la République.
Loudun a été l'objet d'un procès retentissant à l'époque de Richelieu, celui de l'abbé Urbain Grandier. Stanley Kubrick en a réalisé un film :Les damnés, paru en 1972. C'est le premier film que jai vu de ce cinéaste et qui m'a fortement marqué. Accusé de relations contre nature avec les religieuses d'un couvent voisin, et de la mère supérieure, il fut brûlé en place publique. En fait Kubrick ne relate que la partie croustillante de la réalité. Même à cette époque, on ne brûlait pas pour si peu, d'autant que les religieuses n'ont pas été inquiétées. Grandier était "une grande gueule", il s'opposait ouvertement à la politique de Richelieu. Ce dernier chargea son éminence grise, le père Joseph, de régler le problème. Renaudot commença à diffamer par sa gazette. On monta un procès, il fut accusé d'apostasie et les relations avec les religieuses finirent par justifier la condamnation à mort.
Loudun
Une cinquantaine de kilomètres pour rejoindre Parthenay dans les petites routes de campagne; de beaux paysages, agrémentés d'une faune sauvage variée; ça et là un lièvre, deux renards, une belette, des faisans sauvages, une horde de palombes qui pillent les champs de blé, des perdrix.... Tout ce petit monde, surpris par mon approche silencieuse fuit dès que je sort mon appareil pour les photographier.
Parthenay château des plansEn arrivant à Parthenay, une agréable surprise m'attend. L'ensemble des hôtels de la ville étaient complets pour cause de congrès du PS à Poitiers et de compétition sportive à Niort. Juste a l'entrée de la ville, au bout d'un chemin réservé aux cyclistes, se trouve une résidence pour séniors non dépendants, du type "Senioriales" (Domitys), avec logements individuels, sécurisés mais non médicalisés. J'ai appris qu'une partie de ces résidences était aménagée en zone hôtelière pour les visites familiales. Je tente ma chance, la résidence hôtelière est un petit château réaménagé en appartements tout confort. Pour un prix pas plus cher que l'hôtel. Solution à renouveler...
Demain, en route pour La Rochelle.
Dimanche 7 juin : Parthenay-La Rochelle : 55 km
En ce jour dominical, j'ai effectué un demi-parcours. En bonne coordination, Josette m'a rejoint au point et à l'heure convenue à Niort. Le vélo a donc eu droit à une fin de voyage en remorquage.
A Parthenay, je n'ai aperçu de loin que les remparts d'une ville, dont le centre historique est tout en hauteur . J'ai poursuivi mon chemin dans la Sèvre Niortaise, par des petites routes tranquilles, mais aussi très vallonnées.
Parthenay remparts
La Rochelle
La Rochelle vieux port
Visite à pied du centre historique et du vieux port. Beaucoup de badauds en cette journée chaude.
Au gré de la promenade : Les tours St Nicolas et de la lanterne qui marquent l'entrée du vieux port; la tour de la grosse horloge; les nombreuses rues à arcades; l'hôtel de ville rénové en partie, et la cathédrale construite sur les ruines de l'ancien temple détruit sur ordre de Richelieu (toujours lui..) après le siège de la ville, mais dont la façade a conservé le style austère de ce temple réformé.
La Rochelle hotel de ville 2
Enfin pour ne pas déroger à la tradition, un repas de poissons, parmi l'un des innombrables restaurants spécialisés du vieux port.
Demain je rejoins Royan pour prendre le bac vers l'autre rive de la Gironde, en passant par Rochefort et les parcs à huitres de Marennes.
8 juin : La Rochelle-Royan
Journée pèlerinage : A une période ancienne où je portais l'uniforme, j'ai vécu 4 années dans cette région. Ce voyage est une occasion de revoir certains endroits que j'ai arpentés.
Rochefort
La route qui mène à Rochefort est plane, essentiellement constituée de marais. Je me souviens d'une ville de garnison, dont la grande partie des bâtiments à vocation militaire. Construits à l'époque de Colbert, ils étaient en assez mauvais état. L'activité commerciale était triste. Depuis, le port a été remis en activité, de nombreux bateaux de plaisance y mouillent. Le quai de l'Hermione est vide, car son locataire pavoise en ce moment à Yorktown. Juste derrière les deux bâtiments de la corderie royale, d'une longeur de 300m. La photo ne donne pas toute leur ampleur.
J'ai trouvé cette ville nettement embellie. J'habitais cette ville en 1967, et j'ai eu l'occasion de connaître le tournage des "Demoiselles de Rochefort" et l'inauguration du nouveau pont mobile sur la Charente. La place centrale du tournage n'a pas changé ; l'ancien pont transbordeur est l'objet d'une activité touristique intense.
Rochefort
Pour rejoindre Royan, on a le choix entre une route directe et une plus bucolique qui passe par des marais, et élevages ostréicoles de la fameuse baie de Marennes. Les bassins de "claire" sont nombreux. C'est la basse saison , les casiers à huitres et balises flottantes sont rangées. Vestige de l'activité militaire, un fort Vauban qui se trouve sur la terre ferme fait face à l'île d'Aix, son pendant en pleine mer est fort Boyard.
Marennes
Peu après Marennes, on passe par Brouage, citadelle attribuée à Vauban. En fait cette citadelle a été construite le siècle précédent, et les remparts fortifiés ultérieurement par Vauban. La mer entourait cette ville, depuis elle s'est retirée de plusieurs kilomètres. Une église commémore le départ des Français pour fonder le Québec. Une colonne a été érigée devant l'église en mémoire de Samuel de Champlain co-fondateur du Québec. L'église a été récemment restaurée grâce à des dons de Québecquois reconnaissants. Durant la révolution, les prêtres réfractaires ont été enfermés à Brouage et traités durement. Un panneau dans l'église recense plus de 55 prêtres morts entre 1795 et 1796, dont un certain Maurice Conte curé des Hautes -Pyrénées. Plus gaiement, les remparts ont reçu les amours contrariées de Louis XIV et de Marie Mancini, cousine de Mazarin. Vraie déception amoureuse de ce jeune roi.
Brouage
Royan est une station balnéaire à l'embouchure de la Gironde. Des visites du phare de Cordouan, sont organisées. Un bac permet de rejoindre l'autre rive au Verdon.
Demain à la première heure, je passe le bac (15 jours avant les élèves de terminale), pour une visite des vignobles Bordelais.
9 juin Le Verdon- Lamarque : 87 km Au programme, la traversée d'une grande partie du Médoc, qui constitue la partie supérieure du département de la Gironde, comprenant une partie des plages de l'atlantique conduisant au département des Landes et la rive gauche de l'estuaire de la Gironde jusqu'à Bordeaux
Au bac de Royan à la première rotation, il y avait foule de vélo cyclistes. Tous des mordus, les commentaires sur la meilleure marque de pneus, de dérailleur ou de freins allaient bon train. Certains étaient équipés à la légère pour une excursion d'une journée, d'autres avec des équipements pour une longue traversée , avec remorque à vélo et matériel de camping. La raison de cette foule est qu'une piste cyclable conduit jusqu'à Hendaye, pour sa partie française puis se poursuit jusqu'à Gibraltar en Espagne. C'est un des grands itinéraires Eurovélo qui part du Nord de la Suède. Il fait partie d'un de mes projets, mais cette année est déjà complète.

Bac Royan Au débarquement du Verdon, la plupart des cyclistes empruntent cette piste dont moi-même, sur 8 km uniquement. Nous longeons les plages de sable fin et de longs passages dans la forêt. Le rythme n'est interrompu que par les fréquents passages à niveau, sans barrière d'un petit train touristique qui longe la côte en zig-zags.
Carrelet A Soulac, j'abandonne la piste et bifurque vers le sud pour longer la rive gauche de l'estuaire de la Gironde. Les terres de cette partie du Médoc sont essentiellement constituées de marais, pâturages et jachères. L'estuaire comprend de nombreuses cabanes à carrelet. Un reportage vu le soir même sur la chaîne régionale explique que ces carrelets, ne permettent plus une pêche rentable, mais qu'il y a un engouement des touristes pour la location à 40 euros de l'heure. Il faudra attendre une trentaine de kilomètres vers le sud, pour qu'apparaissent timidement les premières vignes. Puis après St Vivien du Médoc, des pancartes à chaque carrefour annoncent toutes marques de cru avec l'appellation "château". Ce sont les premiers classements, grand vin de Bordeaux ou cru bourgeois. En fait point de châteaux, ni manoirs, ni demeures bourgeoises associés à ces vins. Les exploitations sont petites, très souvent la ferme agricole se résume à une habitation familiale classique et en fond de cour, un grand hangar qui contient les citernes de vins. Il faut attendre l'approche du haut - Médoc pour que les belles demeures apparaissent et le classement monter d'un cran. Ainsi à la limite du territoire, le modeste château Loudenne avec son classement bourgeois supérieur.
Chateau Loudenne
Lorsque commence le haut-Médoc, environ à la moitié de l'estuaire, le paysage change complètement. Un des premiers villages traversés est St Estéphe. Au centre du village le château du marquis de St Estéphe, avec de grands chais sur l'arrière, ne semble plus donner signe de vie. On notera la rue dans laquelle il se situe "rue de Capbern"" ou Capvern. Ce n'est qu'à la sortie du village que je comprends en voyant un immense ensemble, la châtellenie du marquis de Saint Estéphe.
Chateau Saint Estéphe
Au fil de la route, les vignes s'étalent à perte de vue, et les demeures associées au nom du vin deviennent de plus en plus belles. Les noms les plus prestigieux et moins connus foisonnent. On passe progressivement aux grands crus classés de Pauillac et Saint Julien : Léoville-Lascazes, Pontet-Canet, Lynch-Bages, Mouton-Roschild....
Leoville-LascazesChateau LaboryChateau La HayeChateau Malecot
Le plus raffiné à mon goût sera la château Pichon-Longueville, commercialisé aussi Marquise de Lalande, situé à la sortie de Saint Julien, avec de magnifiques chais modernes.
Pichon-Longueville
Peu après, j'aboutis à Lamarque, un petit bourg, d'où un bac permet de rejoindre Blaye sur l'autre rive. C'est décidé, je passe à nouveau mon bac demain...
10 juin Blaye-Libourne :56 km Bac LamarqueC'était trop beau pour durer ! J'embarque pour le bac de Lamarque sous une pluie légère. La traversée dure à peine 20 minutes. La navigation de gros navires marchand est intense sur l'estuaire, ils viennent soit du port de Bordeaux pour la marchandise, soit d'Ambes pour les produits pétroliers. La pluie s'intensifie, j'ai la sensation que le voyage sera court aujourd'hui.
Citadelle Blaye 1
A deux pas du débarcadère, la citadelle de Blaye est juchée sur un promontoire. On y accède librement par l'une des quatre portes fortifiées. Je ne me gène pas pour en faire le tour rapidement. Au centre de la cité on peut voir les restes d'un château fort du XIème siècle. L'entour a été grandement fortifié par Vauban. Cette fois c'est bien lui qui a mené les travaux. On lui attribue trop souvent, à tort, la construction de certaines citadelles, il en réalisé beaucoup, mais une grande part sont de son inspiration. La citadelle a été classée au patrimoine mondial de l'humanité.
Les remparts sont organisés sur deux rangées séparées par de larges douves. L'intérieur a été conçu comme une caserne défensive, avec sa poudrière, et ses quartiers de garnison transformés en échoppes de produits pour touristes. Face à l'estuaire, des canons sont rangés en batterie.
Citadelle Blaye 2
Je reprends la route vers le sud jusqu'au village de Bourg, maintenant connu pour ses vins, mais qui autrefois était un district (militaire) dépendant de Blaye. Au centre, des remparts et une batterie de canons ont été placés face au bec d'Ambes.
Bourg cuves à vin
Entre Blaye et Bourg, des vignes sur le versant des coteaux et sur l'autre coté de la route, des réservoirs à vins en inox. Les "côtes de Blaye et côtes de Bourg" sont principalement commercialisés en coopérative avec la dénomination " grand vin de Bordeaux", rarement en chateau. Toutefois Terrefort de Quanquard à Saint André de Cubzac est un château qui m'est bien connu pour en avoir consommé à une certaine période. Un autre vignoble qui ne manque pas d'ambition: Le "château La France" , avec un grand coq en inox pour emblème. Tout un programme!
Terrefort chateau La France
A l'approche de Libourne, la pluie persiste, je décide de m'arrêter et de réserver la visite de Pomerol et Saint Emilion pour demain. Le problème est de trouver un gite pour la nuit.
11 juin Pomerol-Saint-Emilion :42 km La météo annonce de forts orages dans la région à partir de 14 heures. Je programme donc une boucle pour le matin seulement: Libourne, Pomerol, Saint-Emilion et retour au point de départ. Je reste donc sur place. J'avais prévu une journée de marge, j'ai donc joué mon joker. Demain quelque soit le temps, je dois prendre la route car je suis attendu à Mazamet.
Un petit passage à Libourne dans un magasin de cycles pour acheter un kit de réparation de crevaison, car j'ai consommé le mien hier. Pomerol est un village dont la petitesse surprend par rapport à la réputation de ses vins.Le plus connu, "Cheval Blanc " est une belle demeure où l'on ne peut s'approcher sans se signaler à l'interphone au bord de la route, l'entrée est bloquée par une chaîne qui se manœuvre par télécommande. Au centre de ce minuscule village, le château Saint-Pierre l'Église, des travailleurs viticoles se rendent gaiement au travail. Ils ne semblent pas être français, et pourraient venir de pays forts éloignés. J'en ai rencontré beaucoup dans mon périple.
Pomerol

Saint-Emilion est à moins de 10 km à vélo à travers les vignes. Depuis mon dernier passage, les rues ont été entièrement restaurées et essentiellement piétonnières.Il fait très chaud, et à 11 heures les rues sont pleines de monde. Le village est tout en hauteur, tout en bas, le château La Gafelière
Saint Emilion
Le ciel s'assombrit, l'orage menace, je pense avoir battu mon record de rapidité pour rejoindre mon gîte à 22 km. Je suis arrivé avant la pluie. Pas d'option possible pour demain, objectif Buzet sur Baïse!
12 juin Saint-Germain du Puch-Aiguillon : 103 km
Départ à 8 heures sous un temps menaçant. En une dizaine de kilomètres, je rejoins la superbe piste Roger Lapebie. Il s'agit d'une voie ferrée désaffectée en 1979, et transformée en piste cyclable, revêtue d'un bitume neuf. Elle part depuis Bordeaux jusqu'à Sauveterre de Guyenne sur une distance de 54 km. A travers champs et vignes, on rencontre régulièrement des gares abandonnées ou petites maisons habitées aux anciens passages à niveau. Tout au long des pancartes incitent à visiter des monuments, châteaux, églises anciennes, abbayes.... Ni la météo, ni la distance à parcourir ne m'ont permis de visiter.
Piste Roger Lapebie
Sauveterre de Guyenne est une bastide du XIII ème siècle de forme carrée, dont 4 portes anciennes subsistent aux 4 points cardinaux. Le centre est une place carrée à arcades qui ressemble aux bastides du Gers.
Sauveterre de Guyenne
Pont La RéoleJe prends la Direction de La Réole pour rejoindre le canal latéral à la Garonne, sous une trombe d'eau. Une fois le pont de la Garonne traversé, le soleil refait son apparition. Moment propice pour se changer et sécher les vêtements. Le chemin de halage a été aménagé en voie verte, une piste cyclable qui me conduit jusqu'à Buzet sur Baïse, à cet endroit la Baïse rejoint la Garonne. De nombreuses embarcations de plaisance remontent jusqu'à La Réole et les plaisanciers en herbe ont fort à faire pour passer les écluses du parcours. Les platanes qui poussent de part et d'autre du canal, forment un parapluie bien utile. Mon point de chute est à Aiguillon.
Canal latéral de la Garonne
L'objectif de demain est Montauban.
13 juin Aiguillon Montauban :100km
Arbres fruitiersJe reprends la route assez tôt car la météo annonce soleil et chaleur jusque 14 heures, puis orages et grêle prévus sur mon chemin. Compte tenu de la distance, je risque d'y avoir droit. Je continue donc la suite du canal latéral à la Garonne qui mènera jusqu'à Moissac, soit les 3/4 du trajet. Cette piste cyclable me permet de rouler à vive allure. Tout au long de mon parcours, ce ne sont que des vergers de pommiers, poiriers, prunes à Agen bien sûr, et cerises à Moissac bien protégées par du fil barbelé. La plupart des arbres fruitiers sont couverts de fins filets protecteurs.
Je passe à l'écart d'Agen et de Valence d'Agen pour aboutir à Moissac. Un joli pont de briques enjambe le Tarn et non loin de là un immense moulin transformé en un complexe hôtelier et restaurant. Moissac est réputée pour son abbaye cistercienne classée au patrimoine de l' Unesco. La basalique St Pierre y est attenante, et offre un superbe tympan de marbre finement ciselé. Je quitte le canal juste après avoir traversé un pont canal long de 300 mètres qui enjambe la Garonne.
Moissac Tarn et moulin
Moissac Eglise St Pierre
Moissac Pont canal
La route qui conduit à Montauban est bordée d'arbres fruitiers de chaque côté. J'arrive sans encombres à 16 heures.
Montauban église St JacquesL'église St Jacques en briques et au portail de mosaïque nous rappelle qu'Albi n'est plus très loin. La place nationale est entièrement construite de bâtiments de briques rouges d'un style cohérent, j'éprouve une vraie surprise agréable à cette découverte. La place de forme carrée présente, sur chacun de ses côtés des arcades à double rangées, Les piliers de briques supportent les plafonds en croisées d'ogives. Mon hôtel jouxte la Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption construite du XVII et XVIII ème siècle avec une façade de style classique flanquée de deux tours carrées.
Montauban Place nationale
Cathédrale Montauban
L'orage attendu arrive enfin à 18 heures, il a eu l'élégance d'attendre que je sois à l'abri.
Demain, petite étape avant Mazamet :Lavaur.
14 juin Montauban-Lavaur : 64 km
Aujourd'hui ce sera très court, comme la distance parcourue. Je me suis rapproché le plus possible de Mazamet, car notre rencontre avec Robert Guyot doit se faire demain en début d'après midi, et je suis sensé arriver avant lui. Aujourd'hui ce fût un parcours facile, sans difficultés, sauf la pluie qui était annoncée, mais s'est interrompue vers 14 heures. Je n'ai pris aucune photo, j'ai pu constater que nous nous approchions de Toulouse, car le rose était dominant. Nombreux sont les bâtiments et églises de briques roses.
Les responsables du don du sang de Labarthe-Muret font les choses en grand. Non seulement l'accueil du soir semble festif, sinon grandiose, mais le lendemain matin, pas moins de 800 élèves du collège de Muret et 370 élèves du groupe scolaire d'Eaunes vont nous faire une haie d'honneur pour notre départ vers Tarbes.
15 juin Lavaur-Mazamet : 72 km
Itinéraire simple à trouver, la D112 qui se transforme en 112 après Castres mais il s'agit de la même route. Bien étroite, bordée de rails de protection de part et d'autre, l'ensemble agrémenté d'une circulation intense. Bref, tout ce que je déteste, car dangereux, et que j'essaie d'éviter au maximum, mais je n'ai pas eu le choix.Pour agrémenter le paysage, des pigeonniers jalonnent cette route, certains à base carrée, d'autres circulaires.
Pigeonniers
J'arrive à Mazamet vers 13 h30, et le rendez-vous fixé avec Maurice, le cousin de Robert est à 14 heures. Il se pointe ponctuel, salutations plus que sympathiques. Il m'a offert le gîte et le couvert pour la nuit. Nous allons à la rencontre de Robert sur la voie verte, ancienne voie ferrée de Béziers à Mazamet. Il arrive à l'heure convenue de 15 heures accompagné de cyclistes du club Mazametain.
Une haie d'honneur nous accueille par les enfants du groupe scolaire de la Lauze, quartier excentré de Mazamet. Nous suivons le directeur et les enseignants jusqu'à l'école, les enfants sagement assis sur l'herbe écoutent avec attention Robert expliquer la nécessité du don du sang et les raisons du don d'organes. Certains avient préparé des questions, d'autres en posent plus ou moins adaptées au thème.
Ecole de la Lauze
Par la suite, toute la troupe de cyclistes est conduite au centre de Mazamet au jardin des promenades, où une collation nous est offerte. Une journaliste interroge longuement Robert, quelques photos sont prises. La presse et la radio locales devraient commenter l'événement demain matin.
Réception jardin public Mazamet
Après un déjeuner dans la famille de Robert avec un repas bien adapté à notre besoin physique, nous vérifions le trajet de demain qui s'annonce très vallonné et un départ matinal à 7 h 30.
16 juin Mazamet-Labarthe sjr Leze : 108 km
Sorèze Clocher Il y a des fois où on aimerait que la météo se trompe. Vent de face et pluie toute la route. Le voyage à deux stimule, nous sommes arrivés à 16 heures bien trempés. Seul moment de détente la visite éclair de l'abbaye école de Sorèze.Un accueil en grande pompes: les maires de Lagardelle, Eaunes et Labarthe , le Sous-Préfet de Muret et un discours engagé du Professeur Lareng fondateur du Samu en France. .
Sorèze Ecole
réception mairie de Labarthe sur Lèze Demain dernière étape pour ce qui me concerne, 142 km au programme. Arrivée estimée à 18 heures.Mais accueil préalable par les élèves du collège de Muret puis le groupe scolaire d'Eaunes. Il faudra rattraper le retard.
17 juin : Muret- Tarbes : 142 km Une journée grandiose. A commencer par le soleil qui a fait une timide apparition toute la journée.
Christophe Jacob président et coordinateur de l'association des donneurs de sang des communes de Labarthe/ Lèze et Lagardelle s'est vraiment beaucoup investi. Il a mis à notre disposition, les jeunes bénévoles de la protection civile, un chauffeur et un véhicule avec remorque pour nos vélos afin de nous transporter aux différentes manifestations dans les villes précitées. Merci à eux pour leur disponibilité et serviabilité, mais surtout pour leur enthousiasme et esprit sain de jeunes lycéens motivés. Cela fait vraiment plaisir à voir.
Protection civile
Au départ matinal depuis Muret, nous nous rendons au collège Bétance de Muret. pas moins de 350 élèves nous attendent. Nous faisons trois tours de la cour de récréation sous des cris de joie, des olas et tapes dans les mains avec des enseignants ravis.
Collège de Bétance Muret
On nous transporte à Eaunes à 6 km de Muret, l'école primaire où plus de 800 enfants nous font une acclamation digne d'une arrivée du tour de France, en agissant des drapeaux de papier qu'ils ont confectionnés eux-mêmes avec le sigle du Don du Sang. Il s'en suit une longue séance d'autographes, qu'il faut bien interrompre avec regrets, car la route est longue et il faut arriver à l'heure à Tarbes. En tous cas ce fût un vrai moment de plaisir.!


Autographes Eaunes Un certain nombre de coups de pédales plus tard, nous remontons gentiment le cours de la Garonne : Carbonne, Cazères, Miramont de Comminges, Valentine, Montréjeau, .... j'en passe... premier point de ralliement à la gare de Capvern à 16h 05, soit 5 minutes de retard sur l'horaire. Je retrouve Josette et 6 cyclistes du Cyclo-club d'Ordizan qui nous attendent pour les 30 derniers km. Avec leur accompagnement, les minutes de retard ont été rapidement rattrapées.
cyclo Ordizan Capvern Nous arrivons à 17h40, devant le parvis de la mairie de Tarbes. Accueil chaleureux des bénévoles donneurs de sang des hautes-Pyrénées ; bien sûr une grande partie des membres de l'Adot 65. Félicitations de Mr Gérard Trémège, maire de Tarbes, discours, petits gâteaux et boissons. La chorale de Soues, qui nous offre trois jolis chants dont un sur la liberté qui émeut particulièrement Robert en souvenir de sa mère qui le chantait souvent; et bien sûr une chanson Bigourdane que la plupart des participants entonne sauf moi, pauvre expatrié...
Interview par une journaliste de la Nouvelle République, puis on se quitte pour un repas convivial au restaurant.
Juste quelques photos de l'arrivée à Tarbes, d'autres seront jointes lorsqu'elles me seront parvenues.
Parvis mairie Tarbes
Chorale de Soues
mairie Tarbes 1
mairie Tarbes 2
mairie Tarbes 3

1350 km au total
Ces deux derniers jours, avec Robert, ont été forts chargés d'évènements et d'émotion. J'ai beaucoup apprécié l'accueil qui m'a été fait par sa famille à Mazamet. Auparavant, j'ai eu un réel engouement à traverser ce joli pays qu'est la France, mais j'ai fait aussi de belles rencontres humaines, entre autres : la famille de Robert, une hôtelière qui m'a proposé de laver mon linge sans que je le demande, et le patron de l'hôtel Avenir d'Aiguillon qui n'a pas voulu que je prenne à nouveau le vélo pour aller manger en ville le soir et m'a spontanément offert les clés de sa voiture. Sa devise, quand je l'ai remercié: "Cela ne sert à rien d'être con, il y en a assez qui occupent le terrain !"
Prochaine aventure prévue à l'étranger, je l'ai déjà évoqué (Espagne, Sardaigne), mais je pense que j'arriverai à impliquer Josette pour au moins la séquence Sarde.