Tour de France du 23 mai au 30 juin 2016

Etape 31

Lundi 23 mai: Lac de l' Arret-Darré- Aire sur l'Adour : 123 km Arret darre

Départ en un jour encore frisquet et un temps menaçant, mais en voie d'amélioration car depuis ce printemps, c'est la pluie qui domine. L'étape s'avère longue, avec Mont de Marsan pour objectif, aussi je me fais déposer par Josette au lac de l'Arré-Darré, pour gagner 20 km.

Jusqu'à Aire sur l'Adour, à travers les plaines basses des Hautes-Pyrénées et du Gers, ce sont des chemins que je connais bien pour m'y être entrainé souvent. J'avance assez vite jusqu'à ce qu'une pluie sévère me surprenne juste à midi, en pleine campagne à peu de distance de Riscle. Par chance j'arrive à me protéger sous un pan de toiture d'une maisonnette inhabitée. J'en profite pour prendre un repas qui ait été préparé la veille. La suite du trajet est une alternance d'éclaircies et de giboulées venteuses.

La progression est difficile, j'arrive au petit bourg de Grenade sur l'Adour . Il est 16 h 30, j'avais repéré un camping municipal. Il se situe en sortie de ville, un coup d’œil rapide et il me parait sympathique de m'y arrêter (à 22 km avant Mont de Marsan qu'il faudra compenser demain). Une seule caravane occupe le terrain. Personne à la réception, il faut se rendre à la mairie où une préposée doit remplir un formulaire en 3 exemplaires avec carte d'identité. Le tout pour 4,6 euros la nuit, électricité comprise.

Avant de monter la tente, je fais un complément de provisions au petit supermarché juste à coté. Le camping est propre. Je suis seul sur la grande partie réservée aux tentes. La soirée sera tranquille et ma première nuit sans dérangements.

Mardi 24 mai : Grenade sur Adour-Lacanau : 143 km

Lever tôt, prêt à partir dès 5 heures.Ciel nuageux, mais peu de pluies annoncées. Je traverse les Landes pour rejoindre la côte , direction Nord-Ouest. Mon objectif est le bassin d'Arcachon. Ce sera une étape longue. A part la montée vers Mont de Marsan, la route se révèle assez plate, j'avance assez vite. L'architecture des maisons landaises apparait dès mon départ
Maison landaise

Voyage assez monotone à travers les forets sur des routes départementales peu fréquentées. Vers 16 h 30, j'ai déjà dépassé Arcachon et fixe mon point d'arrivée à Lacanau. Nous sommes fin juin, la plupart des campings que j'avais repérés ne sont pas encore ouvert. J'en trouve un disposant d'un grand centre de loisirs. Le prix d'entrée assez élevé (24,5 euros), se justifie par les attractions en réparation et la piscine pas ouverte. Je n'ai pas le choix.

Mercredi 25 mai : Lacanau- Les Marthes : 135 km

Au prix indiqué ci-dessus, il faut ajouter celui des moustiques. Je n'avais pas pensé que la proximité du lac pouvait les attirer, compte tenu du peu de clients du camping, les moustiques n'avaient que peu de choix pour satisfaire leur appétit. Donc mal dormi, mais j'ai la forme malgré la distance de la veille.

PLac Lacanau

Lac de Lacanau à l'aube

Je parcours la piste Eurovélo 1 qui longe la côte jusqu'au bac du Verdon. Encore un paysage monotone à travers les sables et forêts. A hauteur de Biscarosse, j'emprunte la piste militaire du Centre d'essais des Landes où les cycliste sont autorisés. Mon avance est rapide et le paysage monotone. Je décide donc d'essayer d'attraper le bac de 15 heures au Verdon. Je ralentirai ma progression demain.

Piste Eurovelo

J'attrape de justesse le bac et en moins de 20 mn, je débarque à Royan. L'année dernière à la même époque j'ai fait le parcours inverse.

Bac Royan

Je ne m'attarde pas dans cette ville et remonte la côte pour le village des Mathes, où se trouve le célèbre zoo de la Palmyre. Les campings sont nombreux et la fréquentation encore faible, je n'ai que l'embarras du choix. Le long de la côte rocheuse on rencontre des cabanes à carrelets, qui se louent à un prix assez élevé. Cet après-midi, le soleil a été de la partie et j'apprécie la piscine du petit camping familial où je me suis arrêté, qui fait également restaurant de famille pour les quelques clients. J'avais juste réservé un plat de légumes verts et une assiette de crevettes. Le patron m'a concocté gratuitement un gros plat de pâtes pour "cyclistes" et un dessert. Je n'ai pas réussi à finir.

Cabanes pilotis

Jeudi 26 mai : Les Mathes-La Ronde (Marans) - 87 km

En saluant le directeur du camping, nous discutons du trajet d'aujourd'hui et apprend que je passe par Rochefort. Il m'informe que son père a été le dernier passeur de ce fameux pont et que sa famille y réside toujours. Il est encore en fonctionnement pour les piétons et cyclistes, "il ferme entre midi et 14 heures" me précise-t-il.
La route suit les canaux et me mène aux bassins ostréicoles de Marennes sur la piste Eurovélo 1 passant par Rochefort. La pluie est de la partie.
Marennes

Grosse déception, les canaux ne sont pas aménagés et le sentier caillouteux fait vibrer le vélo. Je perd une vis, heureusement que j'ai prévu une réserve de vis. Je dois faire demi-tour et reprendre la route nationale qui mène à Rochefort. J'arrive au pont transbordeur, bien mouillé à 12h 2 mn. La barrière vient juste de s'abaisser, je ne peux attendre 2 heures pour traverser, et dois faire demi-tour pour prendre le pont basculant de pierre à quelques km. Je fais un arrêt à l'arsenal pour me restaurer et admirer la frégate "Hermione" en cale, juste de retour d'une tournée.
Rochefort

Je poursuis ma route en traversant la Vendée, la pluie est de la partie, peu propice au tourisme. je me pose dans le petit village de La Ronde, près de Marans. Les prévisions météos ne sont pas bonnes surtout pour l'Ouest, je vais devoir reconsidérer mon parcours au vu des informations de ce soir.

Vendredi 27 mai : La Ronde-Ste Hermine - 46 km
marais Poitevin
La météo n'est pas encourageante, la plus grande partie du pays se trouve sous la pluie. Nantes vient de subir des inondations importantes. C'était la destination de ce jour, je me voie contraint de modifier mon parcours. Je décide donc de rejoindre Angers en deux jours en passant par Les Herbiers et Cholet. Je traverse donc le marais Poitevin réparti entre la Charente Maritime et la Vendée. Les canaux sont saturés, seules quelques vaches paissent. Les moustiques se font une joie de profiter du photographe furtif. Le temps n'est vraiment pas sympa pour le pauvre cycliste que je suis. Je me pose donc dans un camping pas très loin de Saint Hermine, l'étape est courte, ce sera une occasion de récupérer un peu.

Pont aux chèvres

samedi 28 mai : séjour à Ste Hermine

Pluies importantes annoncées sur toute la région. Hier soir, j'ai opté pour un bungalow pour me mettre au sec, le vélo appréciera. Journée de repos forcée, juste quelques km pour faire des courses dans un village voisin. Bungalow saint hermine
Dimanche 29 mai : Ste Hermine-Cholet :70 km
Catedrale Cholet

Le temps prévu n'est pas meilleur, mais au moins la matinée semble calme. Je rejoins donc Cholet par la route principale, il y a de la circulation et une petite bruine supportable. Pas question de camper, je trouve un hôtel confortable aux pieds de la cathédrale dont les cloches sonnent midi lorsque j’atteins Cholet. Un congrès se termine, je dois attendre que ma chambre se libère. Je suis au centre ville, je fais donc un tour rapide sous une pluie battante. C'est jour de fête, une grue, pour saut élastique, est dressée au centre de la place. C'est la seule attraction. Toutes les boutiques sont fermées et un grand nombre de vitrines sont abandonnées.

Saut élastique

Une affiche dans l’hôtel fait la promotion des mouchoirs de Cholet. Cette industrie a disparu, seuls subsistent une fabrique de chocolats en forme de mouchoirs.

Mouchoirs de Cholet

Lundi 29 mai : Cholet -Lion d'Angers: 89 km

Les prévisions météorologiques ne sont pas optimistes pour la semaine qui vient, il va falloir composer avec les périodes d'éclaircies possibles. Le trajet initial prévoyait de rejoindre Angers pour le 30 Mai; en évitant Nantes je récupère 1 jour d'avance sur mon programme. En partant tôt le matin, j'atteins Angers vers midi. Une pédale commence à grincer sérieusement, je dois procéder à son changement, en attendant la réouverture des magasins je fais un petit tour de ville, des vieux quartiers et rues pavées avec ses maisons Renaissance caractéristiques, la Cathédrale. Je me sustente dans les douves du château du Roi René.

Chateau Angers

Cathedrale Angers

Vieilles maisons Angers

Depuis Angers, je remonte la Mayenne en direction de Laval. En fin d'après-midi, je me pose dans une maison d'hôtes pas très loin de Lion d'Angers.

Mardi 30mai : Lion d'Angers

Aujourd'hui jour pluvieux, je dois longer la Mayenne, les rives ne sont pas praticables, la météo de demain semble plus clémente. Je reste dans la région. Profitant d'une éclaircie matinale, je fais une visite locale au village de la Poueze, à une dizaine de kilomètres. Une petite chapelle du XVème siècle , dédiée à Sainte Emérance réputée pour guérir la peur et les coliques, a été érigée sur ordre de Louis XI, en remerciement de la sainte qui aurait bénit une potion faite par une bergère locale et aurait sauvé le roi d'un empoisonnement certain.
La vérité est moins bucolique que la légende, Louis XI aurait rendu visite à son ami Louis de Beaumont pour chasser et aurait abuser de la nourriture et de la boisson, à s'en rendre malade. Il ne l'en aurait pas moins remercié en finançant la construction de la chapelle

Ste Eremance

La région a été longtemps un haut lieu de production d'ardoises pour le pays de Loire. De nombreuses mines souterraines d'extraction faisaient vivre la région. Les filons d'ardoises se sont épuisés, et il a fallu descendre de plus en plus profond, les ardoises espagnoles provenant de filons à ciel ouvert ont conduit à la fermeture de la dernière mine de la Poueze a fermé en 1992. Un musée à ciel ouvert retrace cette époque, notamment le dernier chevalement entretenu pour la mémoire.

Chevalement

Mercredi 1er juin : Lion d'Angers-Laval -Soulgé sur Ouette - 84 km

Le temps est mitigé, de larges plages d'éclaircies sont prévues dans la matinée, je remonte la Mayenne jusqu'à la hauteur de Laval , et bifurque vers l'est en direction du Mans. La Mayenne est une rivière calme navigable sur une grande partie de son cours. Tout le trajet se fait en pente montante douce, et tous les 3 à 4 km, un bief et un moulin, dont certains encore en activité, compense la déclinaison du terrain.

Biefs et moulins
Le chemin de halage est cyclabilisé en partie de gravillons, d'enrobé ou de terre battue. Les rives sont encore boueuses, c'est avec sécurité mais bien crotté que j'arrive à destination.

Chemin de halage

Jeudi 2 juin : Soulgé sur Ouette - La Ferté Bernard (via Le Mans) : 121km

Jours pluvieux, jours heureux. Cela devient une litanie, je n'ai pas bien choisi mon année. Donc rien d'autre à faire que de rouler. J'emprunte la voie de la liberté qui mène à Chartres. Des bornes kilométriques bien entretenues jalonnent le parcours. A défaut de tourisme, j'en profite pour m'avancer au mieux, c'est un fort vent de fin d'après-midi qui me fait m’arrêter à La Ferté Bernard. Pas question de camper cette nuit, je dors dans un hôtel pas très éloigné de la route de Chartres.
Voie de la liberté

Vendredi 3 juin : La Ferté Bernard-Chartres : 81km

Les jours se suivent, et se ressemblent. Je continue la voie de la Liberté, que j'abandonne à Nogent le Rotrou pour une route moins fréquentée. L'après-midi est calme, j'arrive à Chartres assez tôt par les voies aménagées au bord de l'Eure. Un petit détour vers la cathédrale, que je connais bien, s'impose. Je me pose au camping municipal de la ville sur les bords de l'Eure. Immense camping avec un magasin de victuailles qui me dispense de faire des courses à l'extérieur. Si cela se présente bien, je devrais pouvoir atteindre Maisons-Alfort demain en fin de soirée, en conformité avec mon planning initial.

Bords de l'Eure

Cathédrale Chartres

Samedi 4 juin : La Ferté-Bernard- Maisons-Alfort : 123 km

Toujours le même problème de météo, mais des giboulées éparses ont remplacé les pluies continues. c'est par étapes entrecoupées de mise à l'abri, que je tente de rejoindre Mon domicile. La route me fait passer par Rambouillet où je prends un repas rapide en attendant une éclaircie. La traversée de Rambouillet, puis des Yvelines se fait sans encombres. J'ai prévu de rejoindre " la coulée verte" au niveau de Lonjumeau. C'est une piste cyclable anciennement aménagée qui mène à Paris, de là Maisons-Alfort n'est qu'à une lieue, facilement joignable par les rives de la Seine. C'était sans compter sur les inondations de la semaine. Le centre ville de Lonjumeau est encore fermé à la circulation, y compris aux cyclistes. Je n'avais pas prévu un itinéraire de replis, et dois faire confiance à ma mémoire d'ancien travailleur Parisien. Je tente de m'aider avec l'application Google Maps de mon smartphone. C'est à ce moment que je fais interpeler par un résident, qui me houspille fortement : " Vous n'avez pas honte de mettre des contraventions, alors qu'il est impossible de se garer !". Avec ma veste de pluie jaune et mon casque orange, il m'a pris pour un contractuel. J'en profite pour lui demander mon chemin, et c'est en maugréant qu'il me montre une direction qui s'avérera fausse.

Je rejoins péniblement le val de Marne avec beaucoup de détours. La journée s'avance, et l'autonomie de ma batterie approche du 0. A 17 km de l'arrivée, je fais appel à Josette qui viendra me chercher à Fresnes. Quelques jours de repos et en famille me seront nécessaires avant d'entamer la seconde partie du voyage.

Mercredi 8 juin : Maisons-Alfort- Charly sur Marne : 92 km

Le trajet suit les boucles de la marne dans sa plus grande partie, et commence par la traversée de Joinville le Pont,célèbre pour ses guinguettes "chez Gégène".

Gegene

Les crues de la semaine dernière qui ont atteint la Marne, sont en fort recul. Cependant certaines berges sont encore fermées et celles qui sont ouvertes restent glissantes et boueuses. Autant dire que mon vélo nettoyé depuis peu n'est pas resté propre longtemps. A la hauteur de Champs sur Marne, je pensais traverser les bâtiments de la chocolaterie Meunier, qui sont d'un style classé des années 1930, malheureusement les berges sont fermées, et un détour dans la ville est obligatoire; on ne peut donc apercevoir les bâtiments qu'aux travers des grilles.

Chocolaterie Meunier

Je longe les boucles de la Marne, par les chemins de halage, ce qui rallonge le parcours, mais j'ai choisi de suivre ce fleuve le plus longtemps possible. Le mauvais état d'entretien de ces voies et leur état boueux m'a souvent obligé de prendre des départementales latérales.Le département de la Seine-et Marne est très étendu, et dans cette région des silos à grains immenses, sont la caractéristique principale de cette campagne.
Ferté et silos

Je cherche un point de chute autour de la petite ville de La Ferté sous Jouarre, je trouve mon bonheur à Charly dans un camping municipal, juste à la limite du département de la Marne et le début de la route du champagne. Nuit tranquille assurée, le temps est clément et nous ne sommes que 2 campeurs.

Routt du Champagne

Jeudi 9juin : Charly sur Marne- Chalons en Champagne : 112 km

Dès après Charly, on trouve des maisons de Champagne plus ou moins grandes dans la plupart des villages traversés. Crus champagne

Un paysage de vignes et collines se répète tout au long du parcours.

Paysages de vigne

Un peu partout, le souvenir de Jean de la Fontaine est évoqué dans Chateau-Thieery en fête, natif de cette ville.

La Fontaine

Le ciel est clément, mais les berges boueuses m'obligent à me détourner à la hauteur de Dormans et traverser la montagne de Reims que je voulais éviter. Des montées et descentes qui renforcent les mollets.A la hauteur de Châtillon sur Marne, je suis interpellé par un cycliste qui me demande si j'accepte de faire un bout de chemin avec lui. Il va jusqu'à Condé sur Marne soit à 20 km de ma destination. Il connait bien la route et a surtout envie de discuter. Nous palabrons tout en pédalant à bonne allure, tellement pris par la conversation que je ne suis même pas aperçu que nous avions déjà dépassé Epernay par les voies cyclables. Mon compagnon est un portugais naturalisé depuis 40 ans qui a gardé à un fort accent mais un français impeccable. Ce jeune retraité me dis, par plaisanterie, avoir été l'un des hommes le plus riche du monde, "mais la nuit uniquement". Il était gardé de nuit chez Moët et Chandon et avait toutes les clés de cette maison de champagne. Nous devons nous quitter, j'ai beaucoup aimé cet intermède imprévu que je n'oublierai pas grâce à son prénom peu commun: Amadeus
La traversée de Condé sur Marne est une grande descente dont je profite à vive allure, sauf que je rencontre une plaque d'égout plus bas que le niveau du sol. Pas de chute, mais une tige de mon porte bagages arrière se casse. Je dois continuer plus paisiblement mon voyage le long de la Marne, Chalons n'est plus très loin. Le camping municipal de la ville est proche d'un grand centre commercial, je devrais pouvoir trouver de quoi réparer mon vélo demain matin à l'aube

Au long de la Marne

Vendredi 10 juin : Chalons en Champagne -Bar le Duc : 89 km

Les magasins de bricolage ont le gros avantages d'ouvrir tôt. ès 7 h 30, je suis à l'ouverture du Brico Dépot. Je fais l'acquisition de vis, écrous, forêts et tiges d'aluminium pour reconstituer celle du porte bagages cassé. Fort judicieusement, un établi et quelques outils attachés avec des chaines a été installé dans le hall. Je m'attèle à scier et marteler la tige. Le responsable du camping m'a fort aimablement prêté sa perceuse, je lui laisserai la boite de forets en remerciements. Vers 10 heures tout est en pace à nouveau et j'enfourche, le vélo pour une nouvelle étape.

Peu de surprises sur ce trajet, je longe la Marne , avec toujours des détours lorsque les chemins de halage ne sont pas praticables. C'est la fin du printemps, je rencontre de nombreux cygnes et canards avec leur progéniture. Ils occupent le terrain et c'est à nous de nous écarter du chemin. Arrivée dans Bar le Duc par une route fréquentée et un pont canal. Cette ville , autrefois prospère faisant partie du duché de Lorraine est la préfecture de la Meuse, me semble bien endormie. Bien que les bâtiments soient correctement entretenus Un petit tour dans le centre confirme cette impression de ville du passé. L'ornain est une rivière qui la traverse pour rejoindre la Meuse une dizaine de kilomètres plus loin. Le canal de La Marne au Rhin la traverse également. J'emprunterai cette voie demain en direction de Nancy.
Animaux dangeureux

Arrivée à Bar le Duc

Bar le Duc

Samedi 11 juin : Bar le Duc- Liverdun : 90 km

A la sortie de Bar le Duc, un monument et de grandes photos rappellent que cette ville fût un point de passage et de logistique important lors de la bataille de Verdun en 1916.

Voie sacrée

Mon parcours suit en partie le canal de la Marne au Rhin, avant de rejoindre la Meuse dont les rives débordent. La pluie continue n'est pas là pour améliorer la situation. En tout début d'après-midi, j'approche de Liverdun, un village fortifié de Meurthe et Moselle, situé à 18 km de Nancy. Je consulte régulièrement la météo locale et il me semble préférable de ne pas continuer Le camping municipal est situé aux bords de la Meuse, le sol est détrempé et je ne pense pas pouvoir y dresser la tente. A la réception, on m'indique que la réservation de la plupart des caravanes a été annulée. Sans difficultés, le directeur m'accorde l'hébergement dans l'une d'elle pour le prix d'un emplacement de camping, gaz et électricité incluse. Ma monture et moi seront à l'abri de la "casita". Juste le temps d'une éclaircie pour faire les courses, et je passe la soirée à compléter le blog et lire Flaubert en version ebook.

A propos des campings municipaux: Avant mon départ, je n'avais pas imaginé dormir dans un camping municipal, ne connaissant même pas leur existence. Ce qui les différencie des campings privés, c'est qu'ils n'ont pas d'aménagements de loisirs ou attraction, sauf certains avec une piscine. Assez souvent ils sont installés dans ou à proximité du terrain de sports de la commune. Leur prix est très compétitif, plus de la moitié d'un camping privé. J'ai toujours trouvé les sanitaires propres et l'eau bien chaude.Dorénavant, je privilégierai cette solution.

Liverdun
Casita

Dimanche 12 juin :Liverdun-Nancy- étangs de Gondrexange: 89 km

La matinée s'annonce ensoleillée, mais le retour des pluies est annoncé dès le début de l'après-midi. Je rejoint Nancy en une heure et demie. Le grand parc de la Pépinière est accessible aux piétons et cyclistes. Déjà de nombreux coureurs et promeneurs profitent du soleil rare en cette période. C'est avec un immense plaisir que je débouche sur la place Stalislas, directement en sortie de ce parc par l'une des grandes grilles forgées et couvertes de feuilles d'or. Il n'est que dix heures, la place quasiment vide. Je profite de ce moment de calme pour observer les bâtiments qui l'entourent joliment rénovés

Entrée dans Nancy
grilles parc

Stanislas 1

Stanislas 2

Mon parcours reprend les bords de la Meurthe. Dès la sortie de Nancy, cette partie de Lorraine est fortement industrialisée; Le parcours initialement tracé me fait passer par une immense zone industrielle, en particulier à Solvay-Dombasles,où une immense usine de bicarbonate de soude occupe les deux cotés de la route sur plusieurs kilomètres. Un rallye de VTT est organisé ce dimanche matin et me faisant dépasser par des cyclistes, je me rassure en pensant que la route est au moins cyclable.sauf qu'en passant sous un pont partiellement inondé, j'ai eu juste le temps de m’arrêter; avec la chaussée glissante, je n'ai pas pu éviter de tomber, juste quelques égratignures et un demi-tour qui a rallongé le parcours de 12 km.

Solvay Dombales

Les étangs de Gondrexange, aux limites de la Lorraine et de l'Alsace, sont une grande étendue d'eau, et constituent le bassin de compensation et de répartition des eaux entre la Marne et le canal qui le relie au Rhin.Les premières cigognes font leur apparition.Fortes pluies dans l'après-midi. J'ai réussi à monter la tente au profit d'une courte élaircie. Demain, je dois traverser la forêt d'Alsace par le nord des Vosges, plusieurs routes sont possibles.

Gondrexange

Lundi 13 juin : Gondrexange- Geispolsheim (sud Strasbourg):94 km

Au moment du départ, je rencontre un cyclotouriste allemand qui se rend à Strasbourg, comme j'y passe également nous discutons de la meilleure route à prendre. Mon itinéraire initial consiste à traverser la forêt par Sarrebourg, puis de récupérer le canal de la Marne au Rhin à Lutzelbourg.C'est un parcours plus long de 18 km que la route directe du sud par Abrechwiller et selon mon interlocuteur plus montagneux, il me déconseille mon itinéraire. Je reste sur mon idée et nous prenons chacun notre chemin.

La journée s'annonce très pluvieuse, et ce sera la cas. A la sortie de Sarrebourg, ville natale du général Mangin, deux fours bouteilles d'une ancienne faïencerie convertie en musée, la forêt commence.

Mangin four bouteille
C'est sous une pluie incessante et dense que je traverse la forêt; J'aboutis à Lutzelbourg. Le plan incliné de Saint Louis-Azviller est impressionnant, c'est un ascenseur à bateaux sur le canal de la Marne au Rhin qui remplace 18 écluses. C'est très mouillé qui je reprends la canal qui me conduit à Strasbourg située à 55 km. Fort heureusement le soleil fait son apparition à midi. A mi-chemin, je retrouve le cycliste allemand du matin qui étale le contenue de ses sacoches, vêtements et matériel de camping. Ses sacoches sont inondées. Les miennes sont plus étanches et n'ont pas souffert.

Plan incliné de Lutzelbourg
J'arrive à Strasbourg et en profite pour faire un peptit tour dans le centre historique que je connais bien.

Petite France
Strasbourg Cathedrale

Je ne m'attarde pas trop. En sortie de la ville, aux abords de la grande mosquée, une odeur de viande grillée et de miel se dégage fortement.C'est le mois de Ramadan, des femmes préparent le repas à l'extérieur pour la rupture du jeûne.

grande mosquée Strasbourg
Le temps est à nouveau menaçant, et la tente encore mouillée. je décide donc de séjourner à l’hôtel, afin de faire sécher l'ensemble de mes bagages. Je passe la nuit à Geispolsheim, dans la banlieue sud de Strasbourg.


Mardi 14 juin : Geispolsheim - Sierentz (sud Mulhouse):117 km

La pluie est toujours au programme. L'étape initiale prévoyait un arrêt à Mulhouse. Des amis habitant près de cette ville, ( Sierentz), m'ont invité à passer la soirée et y dormir. La route est facile, je suis la canal latéral au Rhin sur la quasi totalité du trajet. la piste cyclable est enrobée au moins jusqu 'à la limite départementale entre le Bas et le Haut Rhin, matérialisée par une borne écrite en haut-alsacien. Des casemates de la ligne Maginot longent le chemin.

Borne casemate

Mon avance est rapide, entrecoupée par des mises à l'abri sous les ponts, en cas de pluie. C'est aussi l'occasion de rencontres insolites telles un groupe de cyclistes en habit d'époques,avec de superbes machines anciennes, qui réclament des réglages fréquents.

Cyclistes

La piste cyclable du haut Rhin, n'est pas enrobée, mon vélo devient vite crotté. A l'approche de Mulhouse, un vent fort se lève de face et les derniers kilomètres sont assez difficiles. J'évite Mulhouse, Sierentz est une ville frontalière , où beaucoup de Suisses vivent. Les habitations sont assez cossues. Je passe une soirée agréable avec les amis et au sec.

Mercredi 15 juin : Sierentz-L'isle sur le Doubs:103 km

Après un couscous délicieux et une nuit confortable, je dois reprendre la route, toujours avec cette pluie qui m'accompagne. Je vais bientôt quitter l'Alsace avec ses maisons caractéristiques de cette région, toutes en couleurs. Maison Alsacienne

Maisons alsaciennes dernieres

La petite ville de Dannemarie est décorée de géraniums et de vélos dans des situations improbables.

Dammarie velos

A mi-chemin, je traverse la ville fortifiée de Montbéliard. Il est midi, j'en profite pour me restaurer non loin du chateau qui domine la ville.

Montbeliard chateau

Le Doubs est en crue depuis plusieurs jours, la décrue s'amorce mais le niveau reste élevé. je suis le canal du Rhône au Rhin, mais peu après la traversée du territoire de Belfort, une déviation nous impose de reprendre la route nationale. Les chemins de halage inondés sont nombreux. de nombreux campings jalonnent la rivière, mais la plupart sont inondés. J'en trouve un près de L'isle sur le Doubs qui est encore au sec,

Debordement Doubs

Jeudi 16 juin : L'isle sur Doubs-Ranchot (Dole): 89km

Cela fait plus de 3 semaines que le temps est médiocre, mais la météo devient enfin optimiste, mais plutôt pour demain. Aujourd'hui, il va falloir encore jongler avec les pluies et éclaircies, Je continue de suivre le Doubs en décrue lente. Les dégâts dans les champs sont importants.

Degats cultures

La traversée de Besançon parait presque inaperçue, car en suivant le fleuve, on passe sous la ville par un tunel exclusivement aménagé pour cyclistes. J'ai eu l'occasion de visiter cette ville il y a deux ans, aussi je continue mon chemin.

Forteresse Besancon

Gros orage en perspective, j'essaie d'atteindre Dôle au plus vite, mais je n'arriverai pas à temps. A moins de 10 km, le petit village de Ranchot possède un camping au bord du Doubs en plein centre. Le propriétaire du camping se désole car son terrain est inondé excepté quelques bungalows à l'écart. Je suis le seul client, je passerai encore la nuit au sec. Juste le temps de faire quelques courses dans la petite épicerie à côté et l'orage attendu se déclenche

vendredi 17 juin : Ranchot- L'Hay sur le Doubs: 98 km

Je fais un détour avec la perspective de visiter les salines d'Arc et Senans, malheureusement j'arrive trop tôt et devrais attendre une heure avant l'ouverture. Le temps de quelques photos extérieures, et je poursuis mon chemin en traversant le "val d'amour" aux limites du Jura, et reprend la route du Doubs avec Chalons sur Saône pour objectif. Toujours ce temps détestable et une fatigue qui commence à se faire sentir. Je m'arrête à une vingtaine de kilomètres de mon objectif à l'Hay sur le Doubs où j'ai repéré un camping "assez sec" et une laverie automatique. Le trajet sera plus long demain.

Salines

Jura Bresse

Samedi 18 juin Lay sur le Doubs/Lyon: 126 km vs 85 km

Parti assez tôt à cause de la distance à parcourir, pour arriver à Lyon en fin de soirée, je quitte ce qui reste de Bourgogne et de Doubs pour rejoindre Chalon sur Saône en vue d'en suivre les rives.
Vieille maison bourguignone
vieille maison Bourguignone

En chemin à Damerey, une maison très colorée et visible de loin m'intrigue. Un certain Roger Mercier a passé sa retraite à modifier un ensemble de bâtiments de style Bourguignon en ce qu'il a nommé " Chateau de Bresse et Castille" , voulant certainement lier ses origines à l'Espagne dont il semblait épris. Il me fait un peu penser au palais du facteur Cheval à Hauterives.
Chateau mercier 1
Chateau mercier 2
Arrivé à Chalon, le Doubs a déversé son trop plein dans la Saône, les berges sont encore inondées. J'en continue pas moins mon parcours, mais les pistes sont recouvertes d'eau assez régulièrement et même sans aucun avertissement. Sans bons freins, j'aurai certainement pris un bain.La route normale étant trop fréquentée, et les rives trop dangereuses, je prends le train â Macon jusque Villefranche sur Saône, écourtant ainsi mon voyage à vélo de 41km.
Saone et rives

La route se poursuit à vélo, toujours sur les rives de la Saône jusque Lyon, en passant au pied des monts d'Or que je connais bien pour y avoir travaillé durant 3 années dans un temps qui devient lointain, comme enseignant dans la base souterraine sous le Mont d'or. J'avais un statut militaire, mais comme je continuais mes études universitaires, mes superieurs m'avaient accordé le droit de résider à Lyon. Une période de rêves, étudiant, pas trop de charge militaire et rémunéré. Je garde de Lyon un excellent souvenir. Je passe devant le restaurant de l'emblématique et mégalomane Paul Bocuse à Collonges. A l'arrière du restaurant, un mur de fresques le représente dans toutes les situations dans sa cuisine, je n'ai pas pû y accéder, des Grooms cerbères ne me l'ont pas permis. Sur le devant, plusieurs plaques, indiquent le niveau des principales crues de la Saône qui ont endommagé son établissement. Celle de cette année ne fait pas partie du palmarès. Je trouve refuge dans un appart'hotel à la gare de Lyon Vaise.
Paul Baucuse
Comme je suis arrivé tôt je décide de faire un pèlerinage place Bellecour, pour dire bonjour à Louis XIV qui trône au centre. Déception, cette dernière est transformée en "Fan zone" pour la retransmission des matchs de l'Euro de foot. Le nombre de policiers, gendarmes et vigiles est impressionant, on ne distingue la statue et la basilique de Fourvière que de loin Place Bellecour

On ne saurait passer à Lyon sans s'offrir un petit bouchon, de la rue des Marroniers juste derrière la place. Au menu :soupe à l'oignon, pied de porc et cervelle du sapeur en dessert, le tout accompagné d'un petit Beaujolais. Il y a si longtemps que je me prive ! La salle est pleine de supporters de toutes nations, je n'ose demander quel match se joue ce soir. Les serveurs sont tellement débordés qu'ils s'adressent à moi dans un sabir Anglais, que je m'amuse à répondre en Italien pour le déboussoler un peu plus.
A l'extérieur c'est un melange de vociférations entre des Écossais bien éméchés et des Marseillaises chantées avec un arrière goût de bière. D'autres jouent au foot à moitié déshabillés sur les larges espaces de pelouse, tandis qu'un balayeur ramasse inlassablement les détritus. Malgré cela, l'ambiance reste bon enfant.

Supporters avant match
Demain, il semblerait que le beau temps arrive enfin, je pense donc me contenter d'une petite étape, et prendre enfin un jour de repos.

Dimanche 19 juin, Lyon -Vienne : 56 km

Je choisis une étape courte, afin d'arriver tôt, me reposer y rester le lendemain. La traversée de Lyon un dimanche matin est aisée, les pistes cuclables foisonnent dans toutes les rues. Il faut faire attention aux tessons de bouteilles cassées , vestige de la fête d'hier. Je rejoins la rive gauche du Rhône en passant par la place des Terreaux d'ou l'on aperçoit la façade à colonnes de l'arrière de l'hotel de ville. L'immense fontaine de Bartoldi est en réparation, seule une photo nous rappelle les 4 chevaux , le buste de Venus n'est pas visible. Devant la façade principale de la mairie, un théâtre de style grec a été surmonté d'un dome semi circulaire. Sur la même place un miroir à focales diverses constitue est également une fontaine plus moderne.
Terr statue Bartoldi
Theatre hotel de ville

J'emprunte la rive gauche de la Saône le Rhône jusque Vienne. Je traverse une fois encore le Rhône et grimpe les collines des premières côtes du Rhône, plus exactement dénommées "Cote rotie". Sur la vue générale de Vienne face au fleuve, on voit bien que ce fleuve est haut. Je trouve un camping dans hauteurs, après les vignes en lisière dun bois. Demain cela aurait dû être un jour de repos, mais j'ai modifié mon programme,et serai encore sur la route.
Vienne côte rotie
Lundi 20 juin, Vienne/Charmes sur le Rhône : 102 km

La météo annonce 3 journées de beau temps, du mardi au jeudi dans la région de Valence, puis une dégradation orageuse ensuite, comme j'envisage de traverser les gorges de l ' Ardèche puis les Cévennes, c'est décidé, j'oublie mon jour de repos et en selle au moins jusque Valence. Il s'en suit une descente forte depuis ma colline , puis un parcours rapide sur la Via Rhona jusque Tournon sur Rhône ( véloroute qui conduit jusqu'à Martigues depuis Genève
Je traverse le Rhône, sur une passerelle à haubans réservée aux piétons et cycliste pour entrer dans Tain l'ermitage de l'autre côté. Un bout de la mythique N7, qui n'a pas encore été déclassé en departementale, me conduit sur les hauteurs de Valence. Je dois me rendre chez Decathlon pour acheter un nouveau réchaud à gaz, le mien fonctionne très bien mais la bouteille vide ne se fabrique plus. Puis je "dévale" rapidement la ville, les rues étant bien pourvues en pistes cyclables, et j'arrive sur le Rhône à nouveau sans avoir vu grand chose de cette ville.

Une bonne dizaine de kilomètres sur la via Rhona et je m'arrête à Charmes sur Rhône, où un camping municipal jouxte la voie cycliste. Me voilà prêt pour les gorges de l'Ardèche demain,. Une journée sans pluie depuis longtemps.
Tain l'ermitage N7

Mardi 21 juin, Charmes sur Rhône/ Bidon :92 km
La via Rhona, se trouve juste à la sortie du camping, et me conduit jusque Bourg Saint Andeol, en Ardèche, en passant par Montélimard. Il fait vraiment beau depuis très longtemps, donc tout prédit une belle journée. Rive gauche, rive droite, rive gauche, etc...on n'en finit pas de traverser le Rhône, j'ai arrêté de compter le nombre de fois. J'ai croisé trois centrales nucléaires depuis mon départ, et quitté le Rhône juste avant celle de Tricastin. De même quatre gros barrages éclusiers, sans compter le plus gros d'entre eux à Donzère. A ces producteurs de houille blanche, à côté de certaines écluses, de grands champs de panneaux voltaïques complètent la production d'électricité. Une façon intelligente de réunir le soleil et l'eau. Pour le vent, les premières éoliennes n'apparaissent qu'après Donzère.
Production électrique écluses, centrales nucléaires et barrage de Donzère

La décrue est bien entamée, sauf que les rives sont encore encombrées de boue ou partiellement inondées. Lorsqu'un panneau avertit du danger et impose une déviation, la départementale qui n'est jamais loin, est un bon moyen de dégagement, mais lorsque j'arrive peu avant la Voulte, une belle flaque boueuse de 10 cm se présente. Trop long pour faire demi-tour, donc je m'élance, et c'est les pieds et chaussettes bien mouillées et un vélo transformé en peau de léopard, fraichement néttoyé la veille, je débarque à La Voulte pour traverser le Rhône. Pour comble le pont est bloqué du 21 au 23 juin, pour étaler du bitume. En route pour la N7, rapide mais très fréquentée jusque Montélimard. Je n'ai même pas acheté de nougat. A Verrière, c'est ma dernière traversée du Rhône et de département de l'Ardèche qui commence.
Arrivée en Ardèche
Arrivee_en_Ardeche.Pont de Verrière et village dans le fond
A Bourg Saint Andeol, il est 15h et il fait 26 degrés, en ce premier jour d'été la ville est assoupie. C'est aussi là que je quitte mon périple sur les canaux et rivières de France . C'est le thème que j'avais choisi pour mon voyage. On dira simplement que ce n'était pas l'année qui convenait.
Bourg Saint Andéol
Bourg Saint Andeol
Quatorze kilomètres d'une montée assez sévère, avec chaleur et équipage lourd, il faut pédaler dur. Bidon c'est bien le village où j'ai abouti, en plein centre des gorges de l'Ardèche. Maintenant, il faut descendre et trouver où passer la nuit. Plusieurs routes sont possibles et les campings sont nombreux. J'en choisis un au hazard. Pour y arriver, une descente forte mène à ce que je pense l'entrée. La remontée devra ce faire à pied, mon vélo étant trop lourd. Au lieu d'une entrée classique, il y a un treuil avec une plateforme et un téléphone à manivelle que j'actionne. On me répond, "attendez 15 mn, on vient vous chercher". Effectivement un jeune homme arrive, prend mes bagages et le vélo qu'il arrime sur la plateforme, un coup de bouton-poussoir et mes bagages sont partis pour le bas de la vallée. Quant à moi, c'est à pieds dans un chemin rocailleux, que je dois descendre. Le camping est au bord même de la rivière. Le paysage est somptueux. Je m'installe rapidement et prend un bain dans l'Ardèche bizarrement assez chaude.
descente matériel
Descente des bagages et du vélo par treuil Une journée pleine d'imprévus. Demain, premier jour de repos depuis mon départ de Paris, il sera difficile de me promener, un peu comme bloqué sur place mais dans endroit idyllique, à l'ombre et la plage à 20m.

Vue plage
vues depuis la plage du camping

Jeudi 23 juin : Bidon-Saint Christol les Alès :84 km

Reprise de la route après ce jour récupérateur. Les bagages sont remontés par ascenseur et le bonhomme se paie 250 m de montée dans un chemin rocailleux sous les chênes liège. Les photos suffiront à comprendre. Après le treuil, il y encore une pente très raide de 800m, que je ne pourrai monter à vélo chargé soit deux voyages avec les bagages. Mais il y a encore des gens serviables. Le livreur de pains qui profite de la redescente du seuil, me propose de tout charger dans son fourgon, bagages, vélo et cycliste compris. Je n'ai pas refusé!
En suite c'est une série de montées et descentes raides à travers les gorges jusque Vallon pont d'Arc. Un festival de panoramas splendides. La suite, des photos avec peu de commentaires.

vue de la plage
Vue de la plage
Autre vue
autre vue de la plage
treuil et téléphone
treuil et téléphone d'appel
Diverses vue des gorges
gorges 1
gorges 2
gorges 3
gorges 4
Pont d'arc
Pont d'Arc


Après Vallon pont d'Arc, direction Alès . On quitte l'Ardèche pour le Gard.A dix km au sud d'Alès , je m'arrête dans le village de Lizan ( Près St Christol les Alès, à deux pas du Gardon. La température à mon arrivée (17 h), est de 31 ° , il y a une piscine au camping, dont je ne tarde pas à profiter.

Sur les 2 jours de repos que j'avais réservés pour cette partie, je n'en ai utilisé qu'un seul.Je vais donc raccourcir un peu les étapes les plus longues. Ainsi demain, au lieu de rejoindre Sète sur 125 km, je ferai escale à Montpellier.

Vendredi 24 Juin, St Christol les Alés - Montpellier :72 km

Comme je l'ai dit hier, je rejoins Sète en 2 jours au lieu d'un prévu initialement. Je pose mes bagages dans la toute proche périphérie de Montpellier. Pas grand chose à raconter, une ballade entre vignes et montagnettes. Le contournement de Montpellier Nord vers le Sud par la rocade a été des plus pénibles. Certains automobilistes sont spécialistes des queues de poisson dans les ronds points. Je suis quand même arrivé à bon port sous une forte chaleur. Demain, une petite étape vers les hauteurs de Sète. J'ai traversé la ville lors d'un précédent voyage en Italie, cette fois je m'écarte de la mer.
Cévennes
Entre vignes et montagnettes
Tour de France
Ils se sont trompés de date, et en plus la circulation n'était pas interrompue

Samedi 25 juin, Montpellier-Sète : 72 km

Je ne garderai pas un bon souvenir du camping "Le Floréal" de Montpellier, sale et bruyant. Encore une journée chaude, donc départ matinal. Ils en ont de la chance d'avoir un peu de pluie pour se rafraichir, dans les Pyrénées !...
La chaleur et le vent de face rendent la progression plus lente qu'à l 'accoutumée. C'est une bonne idée d'avoir réduit les étapes. J'arrive au Nord de Sète vers midi, l'étang de Thau et la ville sont visibles de loin. Une innovation depuis deux ans, une piste cyclable permet de contourner l'étang, elle est de bonne qualité et assez fréquentée. Elle vient d'être intégrée au programme Eurovélo 8 qui permettra de joindre l'Espagne à l'Italie.
Etang de Thau et piste
Jusqu'alors, je débarquais dans le camping choisi, sans me soucier de la disponibilité,. Il m'est arrivé plusieurs fois d'être le seul campeur. C'est maintenant que je réalise que le mois de Juin va bientôt expirer et les grandes vacances arriver. Au premier camping visité, il était déjà plein. Il faut dire qu'il s'ahit du camping municipal de Loupian, charmant et peu cher, ce qui explique tout. Pas de problèmes, il y en a plein dans la région. Pour les second et le troisième, même chose. Le nombre de places pour tentes est réduit au maximum. Les places sont squattées par des mobile-home peu mobiles. Ce n'est plus du camping, le dernier exigeait un minimum de 2 jours. Il devrait y avoir un label spécial.
Je poursuis sur le tracé du lendemain, jusque Agde (pas le Cap d'Agde ). Un camping à peu de distance de la ville dispose encore de 2 places. Il me semble propre, j'opte donc. Après m'être installé je vais faire mes emplettes et visiter la ville. Malheureusement pour les amateurs de photos, j'ai oublié mon smartphone.
Demain, j'entreprends la traversée de l'Aude pour rejoindre l'Ariège en deux jours. Lors de ma traversée vers l'Italie, je n'avais pas aimé ce passge. Un ami m'a conseillé d'emprunter la route Minervoise. J'espère que son conseil sera judicieux.

Dimanche 26 juin, Agde-Pouzols-Minervois : 66 km
Heureusement que je me lève tôt, à 7h 30 un haut parleur situé de l' autre côté de l' Héraut hurle, enjoignant aux "compétiteurs de canoë de se préparer au plus vite, une musique accompagne ses propos, elle est entendue par tous les résidents. Je ne suis pas certains qu'ils aient apprécié.

Un petit tour dans Agde pour réparer mon oubli de smartphone d'hier. Le centre ville est organisé autour d'une place allongée justement appelée "promenade", les platanes créent de l'ombre sur toute sa surface. Ce dimanche, c'est jour de marché. Les remparts à l'arrière possèdent plusieurs portes qui donnent accès à l'intérieur de la vielle ville. Une forteresse, dominée par un donjon massif gardait l'entrée de la cité, face au pont principal sur l'Hérault. De l'autre côté sur une autre entrée, un grand Ephebe en bronze rappelle les origines gallo-romaines d'Agde.
Promenade Agde
Promenade d'Agde
La gaillarde Agde
forteresse et donjon La gaillarde

Ephebe Agde
Ephebe de bronze Agde

La circulation est calme ce matin, j'en profite pour attraper la route qui conduit à Béziers, car en semaine la circulation est plus dense. A l'approche de Béziers, je préfère reprendre le canal du midi, un peu de fraicheur sous les platanes, est bienvenu. La température est déjà élevée à 10 heures du matin.Une petite halte au port de plaisance de Villeneuve les Béziers où l'on s'affaire à préparer les bateaux et vélos à louer pour une mini croisière le long du canal. A Béziers, étant déjà passé par cet endroit (toujours route d'Italie), je ne m'attarde pas. Villeneuve les Béziers
canal du midi à Villeneuve_les_Beziers

La route Minervoise relie Béziers à Carcassonne, elle traverse l'essentiel du vignoble Minervois. C'est une route simple à deux voies, les bas côtés sont instables, et il n'y a pas de solution de remplacement. Rien n'a été prevu pour les cyclistes. Le chemin de halage du canal du midi n'est utilisable que par les VTTistes. Je me sens pas à mon aise d'autant que des rafales de vent vous poussent vers le centre de la chaussée. Je passe par le centre de Capestan, dernier bourg de l'Hérault avant l'Aude. Une basilique imposante est visible de loin. C'est également jour de marché et j'en profite pour faire les emplettes pour le repas de ce soir.

Basilique Capestan
Capestan basilique et marché

Le vent a eu raison de moi, je m'arrête à Pouzols-Minervois, à 10 km de Homps, où j'ai repéré un gite auberge qui fait également camping. Demain, je continue sur la même route, où je bifurquerai vers le Sud, après Carcassone pour me diriger vers Foix. Une étape que j'ai également décidé d'effectuer en 2 jours.

Mardi 28 juin, Limoux-Saint Victor-Rouzaud: 68 km
La route conduisant à Mirepoix, à mi-chemin de mon parcours, commence par une montée légère, puis de plus en plus pentue sur 21km. Fort heureusement, pas de vent, du soleil mais une température clémente en cette heure matinale. Un temps idéal d'autant que le paysage du sud de l'Aude est très beau. Les premiers sommets des Pyrénées Ariégeoises, montrent des restes d'enneigement. Après l'effort, le réconfort une descente aussi longue et un plat jusqu'à mon arrivée.
Mirepoix est une des plus belles bastides de la région. Organisée en damiers, rues rectilignes et perpendiculaires, elle a gardé son architecture des 13 et 14 ème siècles. Le centre est une grande place carrée aux arcades à solives de chêne. Sous les arcades, beaucoup de magasins pour touristes, cafés et restaurants. Les logis supérieurs sont de toutes les couleurs et parfois fleuris de géraniums. L'église Saint Maurice imposante semble engoncée entre ces petits quartiers. La halle du marché de style Baltard, a remplacé l'ancienne halle en bois en 1885. L’hôtel de ville, juste à côté, est de même style.
Mirepoix arcades
Mirrpoix- ses arcades et logis fleuris

Eglise St Maurice mairie
Mairie,Halle Baltard, Eglise St Maurice Je termine, cette petite étape dans un petit bourg au sud-est de Pamiers dans le Parc régional des Pyrénées Ariégeoises. Demain, avant dernière étape pour rejoindre la Garonne à Martres-Tolosane.

Mercredi 29 juin, St Victor-Martres Tolosane: 87 km
Un démarrage par une montée progressive mais supportable, dans ce parc régional de l'Ariège, puis une descente , aussi longue et continue, donc un parcours facile dans la vallée de l'Avize que je ne connaisais pas. A mi-chemin, à Sabarat, je fais un détour pour revoir la grotte de Mas d'Azil.
Cette grotte impressionante a été occupée depuis la préhistoire, puis au moyen âge. Il s'agit d'une grande excavation sous la roche de la montagne. La route départementale qui la traverse rejoint Sabarat à St Girons.A l'intérieur, un musée préhistorique permet de visiter la grotte.
Mas d'Azil  entrée grotte
Mas d'Azil- grotte côté Sabarat
Mas d'Azil  sortie grotte
Mas d'Azil- grotte côté St Girons
Puis c'est une descente rapide vers la Haute Garonne, je quitte l'Ariège à Montesquieu de Volvestre. Le Volvestre est un petit pays étriqué entre le Cominges et le Lauragais qui ne manque pas de charme. C'est un pays de transition architecturale du gris des ardoises des maisons Pyrénéennes et le rose des briques du Toulousain. Je retrouve la Garonne à Cazères sur Garonne, que je suivrai une bonne partie de ma route de demain. Juste après Cazères, Pomariny puis Martres-Tolosane connue pour sa faïence aux motifs fins, mais en fort déclin. Je rejoins mon ultime gîte campagnard que j'ai visité pour ma première nuit de camping. La propriétaire me reconnaît, il faut dire qu'en avril dernier j'étais un des premiers clients de la saison, le patron m'accorde une substantielle réduction
Cazères Poraminy

Cazères sur Garonne, et porte fortifiée Poraminy sur la Garonne

Demain, retour au bercail, le parcours ne m'est pas inconnu, je l'ai pratiqué à maintes reprises.

_Jeudi 30 juin 2016, Martres-Tolosane- Bégole : 85 km__
Dernière étape sans difficultés que mon vélo connaissait par cœur. La boucle se referme. A l'arrivée, une agréable surprise, des amis, voisins et membres de l'Adot 65, m'accueillent. Un bon moment de plaisir, même si je mets un peu de temps pour émerger de ma solitude. Bien sûr, boissons et pâtisseries accompagnent cet accueil. Un cadre avec maillot jaune a été spécialement confectionné.Il trouvera toute sa place dans mon bureau
arrivée
groupe

Epilogue

3100 km en 35 jours dont 5 jours d'arrêt. Ce tour, que j'avais en tête depuis quelques temps, était prévu pour l'année prochaine, mais J'ai préféré "tenir que courir". Mon objectif initial était la recherche d'une complète autonomie, ce qu'à très bien compris et résumé dans son dernier commentaire Cécile BdA (mes excuses pour la contraction du nom ).
''Bon courage pour la dernière étape de ce gigantesque tour : un vrai tour de France et tu as tout assuré : intendance, cuisine, reportage, mécanique et même électronique et tu nous as certainement caché la partie "soigneur" qui devait certainement aller avec tout le reste... Tu es bien plus fort que les coureurs professionnels qui seraient certainement incapables de faire tout cela ! Bravo ! A très bientôt en Hautes-Pyrénées ! Amicalement Cécile''. Concernant, la dernière appréciation, je ne cherche pas la comparaison, je suis juste tenace dans mes décisions.

Une étape récupération à Sierentz, nécessaire et amicale. J'ai raccourci la longueur des dernières étapes car la chaleur associée au vent étaient plus difficiles à affronter que la pluie. En prime, une perte de poids qui dépasse de peu le nombre de doigts d'une main (en kgs): challenge qu'il sera aussi difficile à entretenir.

Merci à ceux, qui par leur commentaires ou courriels m'ont fait signe durant cette période. Toutes mes pensées à Josette qui m'a accompagné journellement et a surmonté ses angoisses. Un campeur un peu plus jeune qui se renseignait sur mon parcours, m'a répondu " Putain, t'en as de la chance que ta femme te laisse faire çà tout seul, moi la mienne.....!"

La suite: un circuit en Hollande à deux pour début septembre, sinon je me suis déjà réservé le mois de juin prochain. Je suis privé d'Italie cette année et cela me manque. Je mijote quelque chose pour l'année prochaine.

A bientôt.

Gilles